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Eugenie Sage
Ministre de la Conservation de Nouvelle-Zélande
On vous emmène au bout du monde pour vous parler faune et flore…
Au pays des Kiwis, la protection de l’environnement est sacrée ! Embarquement immédiat pour découvrir les initiatives de sauvegarde du patrimoine naturel de la Nouvelle-Zélande.
Clean green New-Zealand, un cliché mérité
Quiconque se rend au pays du long nuage blanc - comme le surnomment les Maoris - pourra témoigner de l’écosystème hors-norme qu’offre la Nouvelle-Zélande. Préservée de toute interaction avec le monde extérieur durant des millions d’années, cette île isolée dans le Pacifique regorge d’espèces propres à sa position géographique avec notamment pas moins de 80% de flore endémique.
À l’arrivée des premières civilisations, il y a maintenant 700 ans, cette insularité s’est cependant révélée dévastatrice. N’ayant jamais eu à faire face à des prédateurs, de nombreuses espèces animales sont à présent menacées, voire éteintes. On compte déjà 51 espèces d'oiseaux, 8 espèces de reptiles, poissons et chauve-souris disparus depuis la colonisation de l’île.
Face à la fragilité de ce précieux patrimoine, et dans un souci de durabilité environnementale, les autorités et populations locales ont décidé très tôt d’agir pour conserver leur petit paradis terrestre… Le Wildlife Act de 1953 couvre ainsi la protection et le contrôle des animaux sauvages et prévoit des sanctuaires, des refuges et des réserves de gestion de la faune.
Aujourd’hui, le résultat est probant ! Avec ses parcs et réserves naturelles occupant 32% du territoire néo-zélandais - soit une superficie de plus de 80.000 km2 de zones protégées aussi bien sur terre qu’en mer - la Nouvelle-Zélande se positionne au premier rang des pays de l'OCDE en termes d’espaces sauvegardés à des fins de protection de l’environnement. À l’échelle européenne, cela représenterait 31 fois la taille du Luxembourg ou juste un peu moins que l’ensemble du territoire portugais !
32% du territoire néo-zélandais est classé en zones protégées.
Un éco-sanctuaire dans la ville
Au cœur de la capitale néo-zélandaise se niche un endroit peu commun… Première mondiale de ce genre, Zealandia est l’unique sanctuaire urbain de protection de la vie sauvage du pays. Cette zone de 225 hectares est un projet inédit qui a déjà permis de réintroduire 18 espèces d'animaux sauvages indigènes dans la région.
Oiseaux, reptiles, insectes et plantes aux noms plus exotiques les uns que les autres se côtoient ainsi dans un environnement où ils jouissent d’un habitat exempt des diverses menaces dont ils ont été victimes depuis l’arrivée des premiers hommes vers 1 280.
Une affaire de petits et grands
Depuis sa création en 1987, le Ministère de la Protection de l’Environnement (Departement of Conservation - Te Papa Atawhai) a toujours mis l'accent sur l'implication des communautés dans les efforts de protection du patrimoine néo-zélandais (voir interview pages suivantes). Des programmes d'éducation dès le plus bas âge aux activités de volontariat en passant par des partenariats avec de grandes organisations, la protection de la biodiversité en Nouvelle-Zélande est une affaire où chacun a son rôle à jouer.
La préservation des écosystèmes est aussi l’affaire des entreprises…
En 2018, la Nouvelle-Zélande a décidé de faire un pas supplémentaire en estimant qu’il était temps d’embarquer ses 4 millions de touristes annuel dans son grand défi de préservation de l’environnement. Ainsi, lors de son arrivée sur le territoire néo-zélandais, chaque voyageur doit désormais s’engagerà protéger la nature en souscrivant au serment de Tiaki (qui signifie "protéger" en Maori).
« Pendant mon voyage en Nouvelle-Zélande, je protégerai la terre, la mer et la nature en faisant attention à mon empreinte écologique et en ne laissant aucune trace. Je voyagerai en sécurité en faisant attention et en ayant de la considération pour tout. Je respecterai la culture en gardant l’esprit et le cœur ouverts. »
Vers une Nouvelle-Zélande post carbone ?
Produisant à peine 0,2% des émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES), la Nouvelle-Zélande est l'un des leaders internationaux pour un avenir neutre en carbone. La première ministre, Jacinda Arden, s'est engagée à ce que le pays atteigne un objectif de neutralité carbone pour 2050. Par ailleurs, le 12 avril 2021, une loi a été présentée par le gouvernement néo-zélandais visant à contraindre les banques, les compagnies d'assurance et les sociétés d'investissement de faire état des conséquences de leurs placements sur le changement climatique. Si elle est adoptée, faire un rapport en matière climatique sera obligatoire d'ici 2023. Il s'agit du premier pays au monde à proposer une telle loi !
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Ministre de la Conservation de Nouvelle-Zélande
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Ministre de la Conservation de Nouvelle-Zélande
Sustainability MAG : Avec une position de leader parmi les pays de l'OCDE et un ministère entièrement dédié à ce sujet, la protection des espaces culturels et naturels apparaît comme une priorité absolue en Nouvelle-Zélande. Quelle est la place de la préservation de l'environnement dans l'agenda du gouvernement actuel ?
Eugenie Sage : Comme en témoigne l'augmentation importante du financement de la protection de l'environnement, la préservation des plantes, de la faune et des paysages indigènes uniques de la Nouvelle-Zélande est une priorité pour notre gouvernement. Notre biodiversité est au cœur du succès de la Nouvelle-Zélande... Grâce à nos paysages naturels variés et uniques, le tourisme est la première industrie d'exportation de la Nouvelle-Zélande. De plus, les secteurs agroalimentaire et textile sont très dépendants de la nature. C'est ce qui explique pourquoi la protection de l’environnement est si importante dans le programme du gouvernement.
Comment réagissez-vous au dernier rapport de l'IPBES sur la biodiversité ? Quel est l'impact au niveau de la Nouvelle-Zélande ?
Ce rapport montre très clairement que nous sommes confrontés à une crise mondiale de la biodiversité qui nécessite une attention urgente. Il confirme aussi l'énorme défi que représente la protection de la biodiversité et des écosystèmes indigènes en Nouvelle-Zélande. Nos programmes de restauration font localement d'importants progrès en matière de biodiversité. Cependant, à l'échelle nationale, la biodiversité continue de décliner. L'utilisation des terres, le contrôle des espèces envahissantes et la restauration de réserves d'eau douce sont au cœur de nos défis.
Eugenie Sage avec les membres du Taranaki Kiwi Trust
Dans un pays où les symboles nationaux sont la fougère et l'oiseau kiwi, l'importance du patrimoine naturel semble particulièrement prégnante. Sans tomber dans le cliché, existe-t-il une composante identitaire dans la préservation du patrimoine naturel en Nouvelle-Zélande ? Diriez-vous que la dimension culturelle est une variable d'explication importante ?
La protection de l'environnement est une conception humaine et les valeurs populaires sont importantes. Nous nous surnommons ''Kiwis'' et nous arborons fièrement la fougère d'argent. C'est dans notre nature. La Nouvelle-Zélande a inculqué l'idée de valoriser la nature dans sa matrice culturelle, ainsi les Néo-Zélandais de tous horizons se font gardiens de cette richesse. Les gens d'ici semblent comprendre qu'ils font partie intégrante de la nature.
Vos actions sont reconnues sur la scène internationale. Comment utilisez-vous votre leadership afin d'inciter d'autres pays à s'aligner sur de mêmes standards et à agir ?
La Nouvelle-Zélande utilise son leadership pour plaider en faveur de la sauvegarde des espèces dans de nombreux forums internationaux. Il y a quelques mois, par exemple, nous avons signé un nouveau protocole d'entente pour appuyer la protection des oiseaux de rivage en Chine et en Nouvelle-Zélande. Ce mémorandum reflète le travail considérable accompli par les experts du Département de la Protection de l'Environnement qui se sont entretenus avec leurs collègues chinois pour les sensibiliser à la nécessité d'une coopération internationale au sujet des oiseaux migrateurs.
En mai 2019, le Ministre des changements climatiques, James Shaw, a présenté le projet de loi zéro carbone qui prévoit la création d'une Commission indépendante des changements climatiques. Quel rôle le Département de la Protection de l'Environnement devrait-il jouer si le projet de loi est adopté ?
Le projet de loi zéro carbone fournit le cadre, les institutions, les orientations et les objectifs dont la Nouvelle-Zélande a besoin pour planifier des mesures climatiques qui contribueront à limiter le réchauffement planétaire à un maximum de 1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels Les zones protégées sont de plus en plus importantes pour atteindre cet objectif. Nous nous efforçons de documenter avec précision le rôle de stockage du carbone de la végétation indigène qui recouvre les espaces naturels protégés de la Nouvelle-Zélande et les moyens qui permettraient de les valoriser en protégeant davantage la nature.
-Article initialement publié en Novembre 2019-