Crédit : Secretaría de Movilidad de Medellín

Voyage à Medellín, ville où développement durable rime avec nouvelle donne sociale. 



Historiquement connue comme l'endroit le plus violent du monde, la deuxième ville de Colombie cherche à réinventer son histoire, plus positive. Elle favorise les innovations sociales et de résilience. L'idée ? Reconnecter les communautés, rendre autonomes ses citoyens. Rencontre avec Sergio Escobar qui a œuvré pour le rayonnement et le développement durable de la ville, en tant que directeur de ACI, l’agence Internationale de coopération et d’investissement de Medellín. 


INTERVIEW

Sustainability MAG : Medellín a subi des changements considérables durant la dernière décennie. Quelles sont vos ambitions pour la ville aujourd’hui ? 

Sergio Escobar : Notre objectif final est de donner à Medellín un plan d’action pour son avenir. Aujourd'hui, après tant d’articles négatifs dans la presse internationale, Medellín est devenue la référence en matière de résilience, d'innovation et de progrès. C’est le résultat d’un travail de groupe entre trois secteurs : l’académie, les entreprises et le gouvernement local. Ils ont développé ensemble les mesures pour rendre la ville accueillante et viable. Le secret, c’est de ne pas travailler en vase clos, l’Etat n’aurait pas pu obtenir ce résultat seul. Aujourd’hui, l’administration travaille dur pour valoriser et réformer le centre-ville. Elle veut le rendre plus agréable à vivre pour les piétons, les visiteurs. Plus vert et avec une mobilité plus souple. Mais aussi, le secteur public entend que le secteur privé contribue également. Si le centre devient un lieu sécurisé, il pourra accueillir  de nouveaux pôles de développement pour la ville.

« Sans éducation, nous ne pouvons pas rêver d'un futur durable »

Medellín est célèbre pour ses téléphériques urbains qui relient les quartiers pauvres et le centre-ville. Un développement où la mobilité agit comme un puissant moteur d’inclusion sociale.

Medellín est célèbre pour son innovant programme de mobilité, quelles sont les prochaines étapes ? 

En effet, Medellín a gagné le titre de la ville la plus innovante en 2013. La communauté internationale a apprécié, entre autres, notre programme de mobilité avec le métro-câble (téléphérique urbain) qui est traditionnellement utilisé en montagne. Notre politique de transports publics doit être respectueuse de l’environnement et doit améliorer la qualité de vie en proposant des transports en communs abordables. Nous avons maintenant cinq modes de transport multimodaux : le métro, le téléphérique urbain, les vélos en libre-service, les bus et le tram. Notre gouvernement veut développer d’autres projets : un nouveau téléphérique et un train particulièrement léger qui pourraient atteindre les quartiers qui ne sont pas encore reliés par les transports publics pour engendrer une nouvelle dynamique et faire naître de nouveaux lieux touristiques.

La mobilité reste au centre des attentions… 

Oui, l’année dernière, nous avons eu un pic de pollution. Et pour la première fois dans l’histoire de la ville, nous n’avons pas vu le ciel et le soleil pendant 5 jours à cause de cela. C’était un choc. Nous avons dû prendre des mesures radicales en accord avec les citoyens et les entreprises

Quel est l’élément clé qui manque aujourd’hui, pour réellement impliquer tout le pays dans une aventure durable ?

Le challenge que nous devons relever, c’est l’éducation de la population. Sans éducation, nous ne pouvons pas rêver d’un futur durable. La priorité du gouvernement est d’attribuer un budget important pour cette éducation.