Aujourd’hui reconnue comme « un talent de la nouvelle génération », Natasha Tsakos a acquis une notoriété mondiale grâce à ses « technoformances » futuristes mélant technologies et spectacle vivant. Venue tout droit de Floride, elle nous engage à travers son spectacle « CLIMAX » à une critique sociétale et pointe du doigt les enjeux de développement durable.
Sustainability MAG : Vous vous êtes produite pour la première fois au Luxembourg lors du Luxembourg Sustainability Forum le 21 novembre 2017. Votre spectacle, CLIMAX, transmet un message artistique très audacieux et puissant. Il a également ouvert le sommet G20 au Mexique. C’était comment ?
Natasha Tsakos : Me produire avec CLIMAX au sommet G20 à Los Cabos au Mexique a indéniablement été une expérience incroyable et puissante. Honnêtement, j’ai eu du mal à croire que j’étais réellement invitée et me disais sans cesse « Ils n’ont sûrement pas vu le spectacle ! ». Mais si, ils l’avaient vu et ça m’a donné espoir : le monde était prêt à se réveiller, il y avait des acteurs courageux et conscients des enjeux dans ces lieux où se joue le pouvoir.
CLIMAX
Quel genre de réactions ce spectacle provoque-t-il ?
Cela dépend du spectateur. Je dirais que le spectacle est exaltant, qu’il provoque une émotion chez le spectateur qui le pousse à penser différemment sur les questions environnementales et sociales. Comme notre raisonnement et nos émotions sont inextricablement liés, une oeuvre d’art, une chanson, un spectacle en direct peuvent parfois avoir un impact plus important qu’une simple conversation.
Vous semblez extrêmement fascinée par les technologies et elles jouent un rôle majeur dans vos performances artistiques. Quel est votre rapport aux technologies ? Les voyez-vous comme des outils puissants ? Rêvez-vous de leur potentiel ?
Absolument. Je suis fascinée par la technologie et j’utilise mon imagination pour envisager et projeter des possibilités futures. Je crois que l’alliance de l’art et de la technologie transformera la façon dont nous créons, vivons et, finalement, interprétons le monde autour de nous.
À notre époque résolument technologique, est-ce que l’idée de votre spectacle est d’humaniser l’expérience et notre rapport à ces outils ?
Mon objectif est d’optimiser l’expérience humaine à travers la technologie et d’humaniser la technologie à travers l’expérience. L’histoire que je raconte est l’élément humanisant, la technologie inspire les possibilités et le processus créatif défie la technologie à mieux raconter cette histoire. C’est une belle boucle de rétroaction.
Vous êtes une avocate du développement durable très engagée et êtes, depuis 2016, ambassadrice du programme Arts 2030, dans le cadre du SDSN Jeunesse des Nations Unies. Comment ce collectif d’artistes contribue à atteindre les fameux Objectifs de Développement Durable ? Plus largement, quel est, selon vous, le rôle des arts dans la fabrique de l’avenir ?
C’est un honneur d’être ambassadrice des Arts 2030. Au-delà de la mission de l’organisation, qui est de donner les moyens aux artistes du monde entier de mettre en lumière les 17 objectifs à travers leur art, je suis convaincue que le pouvoir le plus important des artistes ne réside pas forcément dans leurs créations mais plutôt dans leur processus créatif. Les artistes devraient avoir leur place à la table des discussions et faire partie intégrante du dispositif de mise en place des solutions.
CLIMAX
Vous avez également développé une campagne verte à travers le personnage ZERO. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Lors de la création de mon premier spectacle multimédia, je me suis rendue compte que je devais exploiter le visuel et le caractère unique de mon personnage ZERO pour défendre des causes qui me tiennent à coeur. Le mouvement « iGreen » a démarré avec une campagne digitale que j’envoyais à mes amis et mes fans chaque dimanche en les invitant à couper le courant de 7h53 à 8h avec ZERO. La campagne a ensuite grandi avec des montages artistiques et des événements créatifs lorsque ZERO a commencé à collaborer avec des organisations locales.
J’ai toujours été d’avis que la cause environnementale ne savait pas se vendre. Pourtant si l’on mobilisait les meilleurs directeurs artistiques des meilleures agences de publicité de la planète pendant trois jours, ils finiraient par développer des campagnes spectaculaires qui inspireraient tout le monde. S’ils réussissent à nous vendre des graisses, du sucre et des toxines, ils arriveraient sans aucun doute à éveiller notre désir de nous soucier de la planète ! C’est ce que j’ai voulu expérimenter et fait – à plus petite échelle – en donnant un visage et une touche d’originalité au mouvement vert.
Campagne ZERO
Et la suite ? À quoi s’attendre ? Vous développez actuellement un nouveau spectacle qui débutera en 2018. De quoi s’agit-il ?
Je crée actuellement un spectacle intitulé « Billion Billions » (Milliard Milliards). C’est une montagne russe à travers le temps, en temps réel. Le spectacle sera différent à chaque représentation car l’environnement dans lequel les artistes interagiront se composera des données du monde entier. Nous utilisons la technologie mobile et les données en temps réel pour créer une production qui répond aux événements mondiaux et où les spectateurs peuvent réagir. Imaginez-vous en train de regarder une scène exaltante qui montre le changement climatique : des machines à vent soufflent, la musique culmine, les artistes volent, les images éclatantes autour mélangées à des statistiques sur le CO2. C’est cathartique, votre téléphone s’allume et vous permet de faire un don à une organisation qui aborde ce sujet. Vous venez de le faire. Vous avez agi. C’était simple, divertissant et porteur de sens. C’est ce qui m’enthousiasme dans ce projet : rapprocher le meilleur du théâtre, de la technologie et de l’impact social.
Née à Genève et résidant actuellement en Floride, Natasha Tsakos a acquis une notoriété mondiale grâce à ses « technoformances » futuristes, qui mettent en avant des problématiques environnementales et sociales. En 2002, lors de son spectacle « UP WAKE », Natasha Tsakos a immédiatement suscité l’intérêt du public de par sa performance hors pair. Sa carrière a été reconnue grâce à son spectacle CLIMAX, qui a clôturé le Climate Reality Project d’Al Gore et a ouvert le Sommet G20 au Mexique. Aujourd’hui citée comme « talent de la nouvelle génération », Natasha Tsakos est devenue Ambassadrice Arts Twenty Thirty du Sustainable Development Solution Network des Nations Unis.