Les ambitions de l’Europe en matière de développement durable se reflètent tout particulièrement au Grand-Duché grâce à la présence des différentes institutions et agences européennes sur la terre natale de Robert Schuman, père fondateur de l’Union.



Aujourd’hui, plusieurs institutions européennes siègent au Luxembourg : le secrétariat général du Parlement européen, la direction générale et des services de la Commission européenne, la Cour de justice de l’Union européenne, le Tribunal et le Tribunal de la fonction publique, la Cour des comptes européenne, la Banque européenne d’investissement et le Fonds européen d’investissement, l'Agence exécutive pour les consommateurs, la santé, l'agriculture et l'alimentation et l’Office des publications de l’Union européenne.

La Banque Européenne d’Investissement (BEI) finance des projets représentant des intérêts pour le développement et la cohésion de l’Union européenne sur le plan socio-économique mais surtout, en priorité, sur le plan environnemental. À l’image de son engagement pour des financements en faveur du climat, 25% des investissement de la BEI - soit 16,2 milliards d’euros investis en 2018 - sont dédiés à la lutte contre les changements liés au réchauffement climatique.

L'Office statistique de l'Union européenne (Eurostat), elle aussi basée à Luxembourg, répertorie les progrès de l’Union européenne et des États membres pour l’accomplissement des Objectifs de Développement Durable (ODD) à l’horizon 2030.

Leur voisine, la Cour des Comptes européenne surveille et analyse, quant à elle, l’état d’avancement de l’Union en terme de développement durable. Son récent rapport émet un bilan nuancé de la situation. Rapports, suivis, audits, optimisation de l’intégration des ODD… On apprend qu’il reste de nombreux défis à affronter pour la construction d’une Europe à l’image de ses ambitions.

Le point de vue de ...
Eva Lindström
Membre de la Cour des comptes européenne

Sustainability MAG : Quel est le principal message à retenir du rapport sur le reporting du développement durable que vous venez de publier ?

Eva Lindström : L’Union européenne s’est engagée à mettre en œuvre l’Agenda 2030 pour un Développement Durable et ses 17 Objectifs de Développement Durable. Les citoyens veulent et ont besoin d’informations fiables sur la façon dont l’UE y contribue, sur des sujets comme le changement climatique notamment. Notre rapport démontre que la Commission européenne ne surveille et ne déclare pas comment le budget et les politiques de l’Union européenne contribuent à ces objectifs.

Les institutions européennes ne répondent pas encore aux attentes quant à ces informations, mais ont déjà effectué quelques pas dans la bonne direction. Des prérequis importants, comme la stratégie et l’intégration des ODD dans le budget, manquent encore.

Avec la directive européenne 2014/95, certaines grandes entreprises doivent déjà publier un rapport extra-financier. L’analyse des institutions et agences européennes fait remarquer que seules deux instances européennes – la Banque Européenne d’Investissement et le Office de l’Union Européenne pour la Propriété Intellectuelle – ont publié des rapports sur leur durabilité.

Les rapports sur les informations extra-financières ne sont pas nouveaux. Néanmoins, il est important de mettre en question la validité de l’information, et d’envisager un rôle à jouer pour des auditeurs. La communauté de l’audit devrait renforcer sa capacité à assurer la fiabilité des informations fournies sur ces sujets.

En tout, nous avons identifié quatre enjeux :

• produire une stratégie européenne sur le développement durable et les ODD après 2020;

• intégrer la durabilité et les ODD dans le budget et les plans de performance de l’Union Européenne;

• développer un reporting sur le développement durable dans les institutions et agences européennes;

• améliorer la crédibilité des rapports par le biais d’audits.

Où voyez-vous des pistes d’amélioration pour les institutions et agences européennes afin de respecter l’Agenda 2030 et les ODD ?

Pour que des rapports significatifs puissent voir le jour, nous avons besoin d’une stratégie, d’une intégration cohérente des ODD dans le budget et d’une assurance que les parties prenantes puissent avoir confiance en l’information qui leur est fournie. Ces informations sont utilisées à la fois dans un cadre décisionnel, mais également en termes de responsabilité vis-à-vis des citoyens et parties prenantes.

Bientôt, nous aurons une nouvelle Commission, et passerons à la prochaine stratégie et au nouveau cadre budgétaire à long-terme pour l’Union européenne. Ceci déterminera l’ambition et l’action de l’Union européenne pour le développement durable dans les prochaines années. A l’avenir, je m’attends à ce que la prochaine Commission crée une stratégie qui intègre les ODD et le développement durable. Les citoyens et les nouvelles générations souhaitent que l’Europe montre l’exemple et revendiquent des informations transparentes et crédibles sur la façon dont l’Union accomplit ses engagements pour l’Agenda 2030.