Source : Ellen MacArthur Foundation, SUN, and McKinsey Center for Business and Environment; Drawing from Braungart & McDonough, Cradle to Cradle (C2C).

La gestion des ressources sera un enjeu capital de ce siècle. Une nouvelle équation gagne du terrain, celle de la circularité. L’idée maîtresse : faire circuler les ressources en boucle pour les préserver. Cette approche, où modes de production et de consommation sont repensés, revisite totalement notre rapport au capital naturel. Place à l’obsolescence déprogrammée des ressources.



Rappelons le, chaque jour, l’activité humaine produit plus de 10 milliards de kilos de déchets. Ces amoncellements sont la signature d’une société du jetable et d’une course effrénée à la production, jusqu’alors promesse de croissance. Ils sont la partie émergée et très matérielle d’externalités négatives bien plus nombreuses induites par un modèle de production linéaire : épuisement des ressources, émissions de GES, atteinte à la biodiversité, etc. L’alternative circulaire va donc bien au-delà du strict sujet de la gestion des déchets. Elle ambitionne de proposer une nouvelle approche systémique vertueuse. L’économie circulaire pose le principe du découplage entre création de valeur et consommation de matières premières non renouvelables. Il s’agit d’agir en amont sur les modes de production et de consommation afin d’éviter la production d’externalités négatives, dont notamment les déchets. Le recyclage n’intervient ici qu’en dernier ressort.

« On assiste à l’anti-modèle de l’obsolescence programmée »

Promesse d’éternité pour les produits !

L’économie circulaire vise à préserver la valeur et l’utilité des produits et de leurs composants en augmentant leur efficience globale, et ce, tout au long du cycle de vie. In fine, l’objectif est de renoncer à une logique linéaire « cradle-to-grave » (du berceau à la tombe) pour s’inscrire dans une démarche « cradle-to-cradle » (du berceau au berceau) qui consiste à éliminer la notion même de déchet en réutilisant à l’envi les constituants des produits dans un cycle fermé. L’objectif ultime : 100% réutilisé, 0% jeté.

S’inspirer du vivant

L’approche en cycle fermé est inspirée des systèmes naturels, qui ne génèrent aucun déchets. Ainsi l’économie circulaire, emprunte de biomimétisme, décline-t-elle deux boucles vertueuses: la boucle biologique – les ressources sont régénérées dans le cycle naturel des écosystèmes – et la boucle technologique – les ressources sont ici récupérées ou restaurées par l’intervention humaine.

Place au « system thinking »

À la manière des systèmes naturels, la perspective circulaire fonctionne de façon globale et holistique et propose des alternatives à chacune des étapes du cycle de vie d’un produit. Selon l’ADEME (Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), ce nouveau modèle recouvre trois aspects principaux et sept dimensions. Il s’agit d’abord de modifier l’offre des acteurs économiques à travers l’approvisionnement durable, l’écoconception, l’écologie industrielle et territoriale ou encore l’économie de la fonctionnalité. C’est ensuite la demande et les comportements des consommateurs qui sont visés à travers la consommation responsable et allongement de la durée d’usage. Enfin, le recyclage intervient au stade ultime.

Crédit : Plan C, Empowering circular futures

De nouveaux modèles d’affaires autour de la création de boucles de valeur positives

Les entreprises qui s’engagent dans cette démarche repensent leurs modèles de fonctionnement. En interne ou en mutualisant leurs moyens avec d’autres acteurs sur leur territoire, elles s’attachent d’abord à rallonger les flux de matières au travers du réemploi ou du recyclage.

Elles privilégient également désormais de nouvelles offres, où les biens vendus font place à des prestations de service (product-as-a-service). Le leasing concerne ainsi de plus en plus de produits, du revêtement de sol au scooter en passant par les panneaux solaires. Les clients jusqu’alors consommateurs deviennent ainsi usagers, dans un schéma où l’usage prime sur la propriété. Dans cette économie de la fonctionnalité, les organisations innovantes s’attachent ainsi à concevoir des produits pérennes pour satisfaire davantage d’usagers le plus longtemps possible. Ainsi est optimisée la rentabilité des ressources dont la gestion reste au sein de l’entreprise.

Exemple même de la dématérialisation de l’offre du fabricant, l’impression 3D s’annonce prometteuse et s’inscrit également dans le champ de ces modèles innovants non linéaires : elle permettrait en effet à terme au consommateur de fabriquer de chez lui et à partir de matériaux recyclables.

Enfin, l’hyper réparabilité fait irruption dans les stratégies produits. C’est le cas notamment du leader mondial du petit électroménager SEB qui s’engage auprès de ses clients et investit massivement dans un ambitieux plan pour des produits 100% réparables. Cette politique suppose des changements importants sur l’ensemble de la chaîne de valeur, depuis l’écoconception jusqu’aux problématiques de stockage de pièces de rechange de produits arrêtés. À la clef, le fabricant entend récupérer la confiance du consommateur et répondre à ses attentes en terme de protection de l’environnement mais aussi de hausse de pouvoir d’achat.

Une tendance se dessine où la durabilité s’invite au cœur de ces nouveaux modèles. On assiste ainsi à l’anti-modèle de l’obsolescence programmée et l’émergence du « profuser », ce profound user qui œuvre pour maintenir la valeur d’un bien physique.

Une dynamique à l’œuvre

Axe phare de l’étude stratégique de Troisième Révolution Industrielle au Luxembourg, l’économie circulaire a le vent en poupe. Il s’agit de faire du Grand-Duché « la première nation circulaire ». Un premier engagement a d’ores et déjà été pris par le Conseil de Gouvernement et annoncé lors du Luxembourg Sustainability Forum en novembre 2016 : celui de la promotion de l’économie circulaire par les marchés publics. « Un plan d’action en matière d’achats publics doit être mis en place à moyen terme afin d’augmenter le nombre d’acquisitions de produits et de services respectant les principes de l’économie circulaire », souligne l’étude. Zones économiques, bâtiments et travaux publics sont particulièrement visés par le rapport. Ils constituent un levier clef dans le déploiement de cette approche. 

Les acteurs économiques sont de plus en plus nombreux à se pencher sur ce nouveau modèle qui, s’il suppose une remise en cause en profondeur des fonctionnements existants, s’avère prometteur sur les plans économique, social et environnemental.

Au Luxembourg et ailleurs, les initiatives se multiplient et convergent vers un nouvel écosystème d’acteurs responsables. Un enjeu majeur réside ici dans l’amplification du phénomène. C’est en effet une clef essentielle de sa réussite car une taille critique doit être rapidement atteinte. Comme le rappelle la Fondation Ellen MacArthur, « pour que le modèle fonctionne, il doit s’appuyer sur un réseau d’entreprises interconnectées formant une infrastructure ».

Et la boucle sera bouclée…

Étude stratégique de Troisième Révolution Industrielle

Les mesures préconisées en matière d’économie circulaire :

1. Un système fiscal qui place la nation en tant que leader de l’économie circulaire de l’Union européenne

2. Un rôle public actif du Gouvernement pour la promotion de l’économie circulaire

3. Un nouveau paradigme d’éducation pour la conception et la production de produits circulaires

4. Des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour le grand public

5. La promotion de la conception circulaire de produits, de nouveaux modèles d’entreprise et d’approvisionnement circulaire

6. L’engagement de la communauté agricole pour produire de l’énergie éolienne et solaire photovoltaïque en tant que « cultures de rente »

7. La réinjection du carbone dans le sol en soutenant les produits biologiques locaux

Source : Étude stratégique de Troisième Révolution Industrielle Lëtzebuerg

Étude stratégique de Troisième Révolution Industrielle

Les mesures préconisées en matière d’économie circulaire :

1. Un système fiscal qui place la nation en tant que leader de l’économie circulaire de l’Union européenne

2. Un rôle public actif du Gouvernement pour la promotion de l’économie circulaire

3. Un nouveau paradigme d’éducation pour la conception et la production de produits circulaires

4. Des campagnes de sensibilisation à grande échelle pour le grand public

5. La promotion de la conception circulaire de produits, de nouveaux modèles d’entreprise et d’approvisionnement circulaire

6. L’engagement de la communauté agricole pour produire de l’énergie éolienne et solaire photovoltaïque en tant que « cultures de rente »

7. La réinjection du carbone dans le sol en soutenant les produits biologiques locaux

Source : Étude stratégique de Troisième Révolution Industrielle Lëtzebuerg