Tribune de Jan Noterdaeme
La gouvernance et la direction européenne vont être renouvelées sous peu, reflets d’un continent plein d’espoirs et empli de craintes. Le 20 juin, les gouvernements et dirigeants européens ont défini les quatre priorités de l’Agenda stratégique de l’UE pour 2019-2024 (protéger les citoyens et les libertés ; développer une base économique forte et dynamique ; construire une Europe climatiquement neutre, verte, équitable et sociale et promouvoir les intérêts et les valeurs européennes au niveau global). Certaines de leurs déclarations sont ambitieuses, puisqu’elles revendiquent pour l’Europe un rôle de « leader mondial dans l’économie verte » par la construction d’une « stratégie long-terme qui est audacieuse, holistique et avant-gardiste […], pour atteindre la neutralité climatique dans le respect de la justice sociale ». Une question se pose désormais : les nouveaux responsables politiques, en collaboration avec la société civile, les entreprises et les marchés financiers, seront-ils prêts pour traduire ces priorités en solutions déployables avec un impact sur notre bien-être collectif et quotidien ?
La Commission européenne sortante, sous la direction du Président Juncker et Premier Vice-Président Timmermans – souvent dans l’ombre – a préparé le terrain pour que nous, acteurs des entreprises et de la société civile, soyons les co-architectes d’une Europe durable pour 2030.
Comme jamais auparavant, la Commission européenne a coopéré jour et nuit avec la société civile et des experts venant d’Europe et d’ailleurs, pour co-construire des solutions évolutives dans le but de supporter l’Europe dans la réalisation des Accords de Paris sur le Climat et des Objectifs de Développement Durable de l’ONU pour 2030.
Les exemples suivants devraient être une source d’inspiration pour poursuivre encore dans cette voie. La plateforme européenne multi parties prenantes des ODD a réuni 30 des plus importantes organisations issues de la société civile (employeurs, syndicats, agriculteurs, jeunes, universités, leaders économiques, ONGs sociales et environnementales, citoyens et régions), qui ont réussi le petit miracle de se mettre d’accord sur la manière d’intégrer le développement durable au sommet et au cœur de la gouvernance, de l’action politique, de la planification et du suivi financier de l’Union européenne. En faisant avancer la cohésion politique parmi une telle diversité de parties prenantes, la plateforme permettra aux institutions de l’UE et aux gouvernements de construire cette cohésion à leur propre niveau.
Un autre exemple est l’important héritage que cette Commission lègue à la nouvelle en matière de finance durable : des centaines d’experts ont ouvert la voie aux acteurs et entreprises financières, leur permettant de s’engager dans un dialogue continu sur le développement durable et en vue de débloquer les 175 milliards dont l’Europe a besoin pour sa transition économique.
Enfin, le Pacte européen pour la Jeunesse, une initiative unique mobilisant des centaines d’entreprises et organisations, a été mené collectivement par des dirigeants d’entreprise et de politique européenne. Un aboutissement majeur est la création du programme Erasmus Pro, qui permettra à des milliers de jeunes apprentis d’accéder à une mobilité long terme à travers l’Europe. Une initiative qui va également accélérer la nouvelle réforme de Bologne pour l’éducation professionnelle et la formation, qui est restée trop longtemps négligée.
Il est toutefois vital que l’Europe investisse bien plus dans l’intelligence émotionnelle, intellectuelle et spirituelle de ses citoyens et parties prenantes, car ils sont les entrepreneurs d’une Europe qui respecte la nature et le climat, et ne laisse personne pour compte.
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