james smith
Picture: James Smith, directeur de la branche Natural Climate Solutions au sein du World Business Council for Sustainable Development (WBCSD), LSF 2021.

Tribune de James Smith

«

Le 1er Janvier 2022 à minuit, nous sommes entrés dans la troisième année de la « Décennie de l’Action », la décennie durant laquelle les gouvernements, les entreprises et la société civile doivent accélérer la mise en œuvre de solutions durables pour répondre aux plus grands défis mondiaux.

En 2022, les attentes à l’égard des entreprises pour qu’elles développent ces solutions ne feront que s’intensifier. Les douze derniers mois ont souligné le fait que le moment pour l’action en faveur du climat, de la nature et de l’équité est venu. Et les progrès réalisés à la CCNUCC COP 26 pour le climat ont accéléré cet élan.

Au moment où frappait le marteau marquant la fin de la COP26, organisée à Glasgow, les négociations s’étaient étendues jusqu’au samedi soir, un jour plus tard que prévu. Néanmoins, cette prolongation était nécessaire, puisqu’elle a permis aux représentants des gouvernements de s’accorder sur le texte final de la COP, connu sous le nom de Pacte pour le Climat de Glasgow.

Le Président de la COP, Alok Sharma, avait de grandes ambitions pour la COP26 : garantir un engagement en faveur du zéro net d’émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici le milieu de siècle, et ainsi maintenir le scénario d’un réchauffement limité à 1,5°C encore réalisable. Si le Pacte pour le Climat de Glasgow a globalement répondu à ces aspirations, le scénario des 1,5°C ne tient cependant désormais qu’à un fil.

Les commentateurs ont décrit le pacte pour le Climat de Glasgow à la fois comme un verre à moitié plein, et à moitié vide. Cependant, les progrès réalisés dans des secteurs clés ne peuvent être ignorés, tels que les engagements à supprimer les subventions aux combustibles fossiles, à réduire le recours au charbon, et à obliger les pays à mettre à jour leurs Contributions Déterminées à l’échelle Nationale (NDCs) d’ici la COP27 en Egypte.

Il est clair que la COP26 et le Pacte pour le Climat de Glasgow ne constituent pas un aboutissement. Bien plus reste à faire si nous voulons atteindre d’ici 2050 un futur qui soit zéro net d’émissions, positif pour la nature, et équitable. Afin que plus de neuf milliards de personnes puissent vivre correctement, dans le respect des limites de la planète.

C’est pourquoi l’action des entreprises et la coopération public-privé jouent un rôle de plus en plus central dans la réalisation de l’ambition climatique, et c’est pour cette raison que la COP26 a constitué un moment décisif à cet égard.

« La COP26 a été une étape historique pour l’action des entreprises et la coopération entre le secteur public et le secteur privé »

Plus de 50 initiatives issues des entreprises et du secteur privé ont été lancées à la COP de Glasgow, aidant les gouvernements à combler le fossé en termes d’engagements en matière d’action climatique et à s’approcher de l’objectif des 1,5°C. En tant que première communauté mondiale dirigée par des PDG des principales entreprises durables du monde, nous étions très fiers de constater le leadership que le secteur privé a apporté à l’action climatique à Glasgow.

Les entreprises étaient présentes à la COP26 en plus grand nombre que durant les précédentes COP, et elles ont engagé des conversations ambitieuses sur les meilleures voies pour atteindre des émissions nettes nulles. Nous avons pu voir beaucoup de PDG à Glasgow durant ces deux semaines prendre des engagements climatiques et avons noté leur influence positive dans le soutien des pays qui souhaitent relever leurs ambitions nationales dans la réduction des émissions.

La COP26 était la première fois, depuis Paris en 2015, où les gouvernements étaient invités à revoir à la hausse leurs Contributions Déterminées au niveau national (CDN). Avec des engagements politiques insuffisants dans l’ensemble, nous avons pu constater que certains des plus grands succès de la COP26 provenaient des engagements des entreprises et des coalitions public-privé. Des « coalitions de volonté » ont lancé des initiatives importantes en matière de réduction du méthane, de limitation de la déforestation, de désinvestissement du secteur du charbon, et l’on peut citer également l’initiative de l’Alliance Financière pour le Zéro net de Glasgow (GFANZ), qui a engagé plus de 100 milliards de dollars US dans l’action climatique.

A cette fin, la COP26 de Glasgow a marqué un moment décisif dans la mobilisation des entreprises en faveur de l’action pour le climat. En effet, selon l’analyse du « Climate Action Tracker », les initiatives des entreprises annoncées à Glasgow ont permis de réduire de 9,9%, soit 2,2 GtCO2e, l’écart entre les engagements gouvernementaux et la réalisation de l’objectif de 1,5°C au milieu du siècle, ce qui représente une contribution importante.

« En 2022, le secteur privé doit aller plus loin »

En outre, pour la première fois lors une COP sur le climat, nous avons assisté à une journée spécifiquement dédiée à l’action pour la nature. C’était la première fois que ce sujet occupait une place aussi importante dans la COP sur le climat, attestant de l’indissociable lien existant entre crises du climat et des écosystèmes. À Glasgow, plusieurs initiatives clés en matière de nature et de climat ont été lancées, y compris l’engagement de 95 entreprises à devenir « nature positives » et de nouveaux financements pour soutenir les communautés locales et les populations autochtones. L'entente sur l’article 6 de l’Accord de Paris crée également un cadre pour un marché international du carbone d’une grande intégrité, avec le potentiel de canaliser des financements importants vers des solutions climatiques naturelles qui conservent et protègent la nature.

En ce qui concerne l’année 2022, l’ordre du jour de la COP27 sera probablement différent de celui de Glasgow. Les questions d’adaptation et de développement économique durable, et la manière dont ces priorités peuvent être réalisées en parallèle des réductions des émissions, notamment pour les pays les plus pauvres et les plus vulnérables, joueront un rôle plus important. Les entreprises devront arriver à Sharm El-Sheikh en novembre avec des plans d’actions et des solutions pour relever ces défis.

Par conséquent, l’accent sera mis non seulement sur les défis technologiques et financiers à relever pour faire face à l’urgence climatique, mais aussi sur la manière dont ces questions sont liées à la perte croissante de la nature, à l’impact sur l’agriculture et à l’accroissement des inégalités. Les entreprises seront mises sous pression pour démontrer qu’elles ont élaboré des stratégies et des actions s’attaquant à ces problèmes, et qu’elles sont sur la bonne voie en vue de la transition d’ici 2030 vers un zéro net d’émissions, pour devenir « nature positives », et contribuer intentionnellement à une société inclusive et équitable.

La COP26 a été une étape historique pour l’action des entreprises et la coopération entre le secteur public et le secteur privé, et le Pacte de Glasgow pour le climat maintient la limitation à 1,5°C comme un objectif atteignable. En 2022, le secteur privé doit aller plus loin pour mettre en œuvre les mesures en faveur du climat, de la nature et de l'égalité dont le monde a désespérément besoin.

»

Par James Smith, World Business Council for Sustainable Development (WBCSD)