Nous vivons chaque jour les conséquences du dérèglement climatique et de la destruction de notre biodiversité. Incendies, montée des eaux, inondations, disparition des espèces, déforestations, acidification des océans, records de chaleur sont devenus habituels. Presque banals.

Que faut-il donc faire pour renverser le mouvement qui détruit notre planète et semble imminent et inexorable ?

C’est comme si nous étions tous plus ou moins conscients de ce qui arrive, mais que nous avions baissé les bras. Face à ce fatalisme grandissant, il nous faut en fait sans relâche rechercher et déployer des solutions pour stopper cette trajectoire funeste.

Nous avons assisté ces 15 dernières années à de nombreuses « COP », avec des succès comme Paris ou Glasgow. Les actes et les fonds peinent cependant à suivre à une échelle et vitesse suffisantes. Comme si les priorités étaient ailleurs. Quand pourtant survient un danger aigu et imminent pour notre démocratie - la guerre aux portes de l’Europe -, des centaines de milliards de crédits sont débloqués en quelques semaines.

C’est donc que notre pyramide de valeurs procède d’étranges priorités. Respirer, boire, manger passent après la sécurité.

Loin de moi l’idée de soutenir que nos efforts pour aider l’Ukraine ne sont pas importants, mais nous devons constater que le « sentiment d’urgence » est perçu fort différemment pour les deux sujets.

L’arrogance de l’Homme qui pense « vraiment » qu’il va dominer la nature, trouver des solutions à tout ce qu’il a détruit - et continue de détruire, est pour le moins inquiétante. C’est un questionnement fondamental qu’il s’agit d’opérer.

Alors, c’est donc à l’individu de se « révolter », de remettre en cause le système, de se re-connecter à lui, à la nature et de changer ses habitudes de consommation et d’achat.
Mais qui aujourd’hui baisse la température de son logement de 2 degrés pour limiter la consommation de gaz, se passe du dernier vêtement à la mode ou de manger de la viande plus d’une fois par semaine ? L’offre est - encore - abondante, pourquoi se priver ?

Nous sommes encore trop peu nombreux à faire notre examen de conscience de « citoyen de la Terre », qui consomme « durable », se comporte en voisin « solidaire » et considère le « social » comme une évidence.

Ce chemin n’est donc pas le bon ? Si bien sûr, mais cela ne va pas assez vite, nous ne sommes pas assez nombreux à faire bouger les choses.

Alors, il revient donc aux pouvoirs publics de prendre les options qui nous mèneront sur les bonnes voies. D’édicter les lois et règlements qui guideront les actions tant des individus que des entreprises.

Mais quels sont les États qui ont banni les pesticides, ont établi des programmes ambitieux, réalistes et financés et sont déjà « carbon neutral », « durables » ? Le Bhoutan, le Panama ou le Sikkim ? Quid des « grands » comme les États-Unis, la Chine, L’Europe ou l’Inde ? Trop occupés à se positionner sur l’échiquier géopolitique, à défendre leurs intérêts économiques, ils investissent massivement dans… les gaz de schistes, l’exploration des fonds marins, regardent avec convoitise les fonds arctiques enfin accessibles…

Certes, nombre de législations fleurissent sur le sujet, mais nous avons toujours l’impression d’avoir deux ou trois étapes de retard par rapport à la réalité. Est-ce le pouvoir des lobbies et la dictature électorale qui poussent nos élus à toujours « donner plus » sans jamais supprimer pour assurer une réélection ? Il est vrai que des politiques vraiment écologiques seraient immanquablement très impopulaires-, du moins au début.

Ce chemin n’est donc pas le bon ? Si bien sûr, mais cela ne va pas assez vite, ils ne sont pas assez nombreux à faire bouger les choses.

Alors, c’est donc aux entreprises d’impulser le changement ? C’est vrai qu’elles ont une vue long terme de création de valeur et que les bouleversements climatiques mettent quantité de business à risques. Et créent aussi quantité d’opportunités. L’entreprise peut, tant via ses salariés que ses clients, contribuer de façon organisée et rapide à faire changer les comportements, « créer » des besoins différents. Et les exemples ne manquent pas, d’Unilever à Lego en passant par Danone, d’organisations qui osent se positionner et nous offrent des produits « durables », contribuent à changer nos comportements. Je sais, il y a encore beaucoup de « greenwashing », mais les consommateurs via les media sociaux y mettent fin de plus en plus rapidement.

Cependant, force est de constater que les entreprises « vertes » sont encore très minoritaires, que nos millions de PME sont plus occupées à « vivre » ou « survivre » qu’à imaginer une manière plus durable de faire leur business. Et qui les blâmerait pour cela?

Ce chemin n’est donc pas le bon ? Si bien sûr, mais cela ne va pas assez vite, ils ne sont pas assez nombreux à faire bouger les choses.

Nous sommes dans un monde qui considère en fait le produit « naturel » comme l’exception et les produits « toxiques » comme la norme. Sinon pourquoi affuble-t-on la nourriture naturelle de l’adjectif « bio » et laisse-t-on tous les autres aliments dits « conventionnels » se vendre sans aucun étiquetage nous avertissant de leur adjuvants, stabilisants si ce n’est en caractères minuscules sur les étiquettes que seuls des savants peuvent décrypter ?

Nous avons mis un siècle à imposer « Le tabac tue » sur les paquets de cigarettes. Mais nous acceptons quantités de solvants, colorants, ondes, métaux lourds, polluants dans notre vie quotidienne comme s’ils étaient « naturels ». Bientôt, on nous vendra l’air pur comme un luxe, une forêt comme un bien exceptionnel, une terre fertile comme un miracle, l’absence de pollution sonore ou visuelle comme un bien rare. La norme devient l’exception. Le bien commun ne sera plus l’apanage que de quelques privilégiés.

Est-ce ce monde que nous voulons pour nous, pour nos enfants ?

NON. Mais alors que faire ?

Quatre axes majeurs s’imposent : remettre nos priorités collectives dans le bon ordre ; travailler chacun sur notre alignement individuel et passer à l’action ; soutenir nos hommes politiques dans leurs initiatives et plans « climat » ou « solidarité » ; enfin, choisir les entreprises « durables » tant comme salariés que consommateurs.

Mais il s’agit aussi de travailler tous en collaboration, car ces acteurs sont tous interdépendants. Construire les solutions ensemble permettra une meilleure acceptation des mesures et une accélération de leur mise en place. Alors oui, tant l’individu, l’Etat que l’entreprise ont leur rôle à jouer. En coopération.

Et beaucoup, beaucoup plus vite car Mère Nature est déjà très abîmée.

Elle a des capacités incroyables à se régénérer, mais elle touche à la limite de sa résilience. Elle nous le dit chaque jour avec la fonte des glaces, les tempêtes, les feux à répétition, ou encore le recul de la biodiversité.

Saurons-nous voir ? Voulons-nous écouter ? Ou notre arrogance et nos envies de consommation, d’élection ou de profits seront-elles plus fortes ?

Inspiring More Sustainability Luxembourg célèbre cette année ses 15 ans d’existence.

15 ans, une poussière à l’échelle du temps de l’histoire de notre planète.

15 ans, une éternité à l’échelle du temps des modifications climatiques au 21ème siècle.

Je tiens ici à remercier chaleureusement tous ceux qui nous ont fait confiance dans cette aventure : nos membres, les institutions publiques et privées, les sponsors, nos salariés, nos administrateurs, nos donateurs, nos volontaires, les associations avec lesquelles nous collaborons, nos speakers et formateurs. Sans vous, rien de ceci n’aurait été possible.

Le travail devant nous est immense. Notre volonté d’agir et notre ambition sont intactes et plus fortes que jamais.

Le temps de l’action est plus que jamais arrivé.


Sans plus attendre !


IMS Luxembourg célèbrera ses 15 ans lors de l’édition spéciale du Luxembourg Sustainability Forum le 6 octobre prochain à LuxExpo The Box. Inscrivez-vous dès maintenant : https://imslux.lu/fra/agenda/339_luxembourg-sustainability-forum-2022

Christian Scharff, Luxembourg Sustainability Forum 2021