INTERVIEW


Sustainability MAG : Quel rôle peuvent jouer les entreprises face au défi du plastique ?

Sandrine Grumberg : Il s’agit bien d’un défi, car les matières plastiques ont envahi notre quotidien : l’emballage alimentaire, les fournitures de bureau, l’informatique, la téléphonie … Ces matières (car il y en a plus de 7 en réalité) sont légères, peu coûteuses, pratiques et se recyclent toutes… sur le papier, mais en réalité peu, très peu. Et lorsqu’elles sont recyclées elles le sont souvent très loin de notre continent. La majeure partie des plastiques sont en fait stockés, enfouis, brûlés. Ils menacent les espèces vivantes et leur chaîne alimentaire, dont nous faisons partie, faut-il le rappeler.

Pour être simple, il y a deux catégories de déchets plastiques : les déchets dits de post-production, créés lors de la fabrication des objets et les déchets dits de post-consommation, créés par les utilisateurs des objets, comme notre gobelet de café jeté. Si les premiers sont souvent recyclés et remis en production, les seconds ne le sont pas tous, loin de là. On reproche à ces plastiques de post consommation d’être sales, notamment à cause de la présence fréquente de résidus organiques.

Les fabricants portent pourtant en eux les solutions à tous ces problèmes : le jetable doit être banni, les pièces plastiques mieux identifiées et les monomatières privilégiées, les consignes de reprise sont à mettre en place, enfin les plastiques recyclés doivent être proposés plus systématiquement. Les entreprises sont aussi d’importantes consommatrices et doivent encourager la motivation balbutiante des fabricants en affirmant un choix déterminé face à cette situation dramatique. 

Quelles solutions peuvent être mises en place par les entreprises ?

Elles sont nombreuses et à porter par toutes les entreprises qu’elles soient fabricantes ou utilisatrices. Pour les fabricants, la solution s’appelle l’éco-conception avec la possibilité réelle et accessible de recyclage en fin de vie donnée aux consommateurs.

Le recyclage des produits par leur fabricant est à ce titre exemplaire, à l’image de PATAGONIA ou encore de l’entreprise DODO associée à Vittel dans le cadre d’un partenariat régional d’upcycling industriel.

Pour les consommateurs, la solution s’appelle l’achat durable, et le remplacement progressif du jetable par le durable. Les exemples les plus courants sont les mugs, ou les gourdes, ils sont symboliques, et donc très efficaces en termes de communication interne.

Quel conseil donneriez-vous à une entreprise qui souhaiterait s’attaquer à ce défi ? Par où commencer ?

Vider son sac poubelle et constater le nombre des produits plastiques présents. Les entreprises seront sans aucun doute assez surprises. Il suffira alors de remonter le fil et de dérouler une stratégie de remplacement pour chacun d’entre eux. Le choix appartient au consommateur qu’est l’entreprise, c’est l’acheteur qui a toutes les clefs.

Sandrine Grumberg - Directrice ViaSourcing
Acheteuse, puis responsable achats, Sandrine Grumberg a exercé de nombreuses années au sein de multinationales, avant de fonder ViaSourcing, société de services dédiée aux achats, à la gestion des déchets et au positionnement environnemental des entreprises.
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