Expérimentation de serres agricoles sous-marines par l'équipe scientifique de Nemo Garden. Photo : Alexis Rosenfeld

Dans un monde où les ressources terrestres sont de plus en plus sollicitées et où les défis environnementaux sont devenus omniprésents, les océans et les ressources marines suscitent un intérêt croissant en tant que moteur potentiel de développement économique durable. C'est dans ce contexte que les concepts d’économie bleue responsable voir régénérative émergent pour réorienter notre relation avec les océans et exploiter leur potentiel de manière soutenable.



Le boom de l’économie bleue

L’économie bleue, concept apparu dans les années 90 et initié par Gunter Pauli, économiste et entrepreneur belge, s’entend au sens large. Elle est définie par la Banque européenne d’investissement comme « tous les secteurs économiques ayant un lien direct ou indirect avec les océans, tels que l'énergie marine, les infrastructures de transport maritime ou la biotechnologie marine ». Aujourd’hui, elle connait un véritable essor et devient une nouvelle frontière économique en raison de la montée en flèche de l’exploitation de l’océan dans divers domaines tels que l’énergie offshore, la biotechnologie, l’extraction minière et l’aquaculture. Son rayonnement dépasse largement les pays côtiers, soulignant l'importance majeure de la dépendance directe et indirecte du système socio-économique global aux activités bleues. Ainsi, selon les projections de l’OCDE, d’ici 2030, l'économie maritime pourrait considérablement augmenter sa part de contribution à la valeur ajoutée mondiale, dépassant les 3 000 milliards de dollars US. L’organisation internationale prévoit même qu’à cet horizon, les profits générés en mer dépasseront ceux générés sur terre. En outre, selon le EU Blue Economy Report 2023, la Commission européenne a estimé les emplois du secteur à 3,34 millions de travailleurs avec un chiffre d’affaires de 523 Md€ dans l’Union européenne.

Photo : Gerald Schömbs

Toutefois, les bienfaits offerts par la mer vont bien au-delà de la simple valeur économique marchande qu'elle génère et sont nommés « services écosystémiques ». Ce sont tous les services rendus par les écosystèmes marins et côtiers ; ils sont estimés selon la plateforme Océan & Climat à plus de 20 000 milliards de dollars US par an. Il y a donc une nécessité de préserver cette valeur à travers un modèle économique qui ne soit pas basé sur la simple extraction ou la pure exploitation de ressources au-delà de leur rythme de renouvellement. C’est l’idée d’une économie bleue durable, voire mieux, régénérative. En effet, le modèle durable met l'accent sur l'utilisation responsable et équilibrée de ces ressources, dans le respect de l'environnement et des communautés qui en dépendent. Il promeut des pratiques de pêche durables, la préservation des habitats marins et une gouvernance participative en s'appuyant sur une coopération et des engagements de longue date avec divers partenaires et parties prenantes pour assurer la viabilité à long terme des activités économiques liées aux océans. Ainsi, l'économie bleue durable offre des avantages essentiels aux générations actuelles et futures. Elle s’oppose fermement au concept d’économie rouge fondée sur l’exploitation excessive et irréfléchie des ressources naturelles. L’économie bleue régénérative, quant à elle, promue lors de la COP28, vise à revitaliser les écosystèmes marins, dépassant ainsi la simple durabilité pour favoriser leur régénération et leur résilience.

Le saviez-vous ?

ÉCONOMIE BLEUE & PACTE VERT

Le rapport de la Commission européenne sur l’économie bleue de l’UE souligne son alignement avec le Pacte Vert européen (Green Deal) pour une économie durable et sans émission de GES d'ici 2050, mettant en avant cinq axes d'action clés :

  1. Neutralité climatique et zéro pollution :
    L’UE promeut le développement des énergies renouvelables en mer et des pratiques plus écologiques dans le transport maritime et les ports.
  2. Économie circulaire et prévention des déchets :
    L'UE vise à lutter contre diverses formes de pollution marine, notamment par les plastiques, et explore des directives pour une meilleure conception des engins de pêche et le recyclage des navires.
  3. Biodiversité et investissements dans la nature :
    Les objectifs pour 2030 incluent l'extension de la protection à 30 % de la zone maritime de l'UE et la création de corridors écologiques.
  4. Résilience côtière :
    Les initiatives d'adaptation privilégient des solutions naturelles pour renforcer la résilience côtière, en complément des infrastructures traditionnelles.
  5. Systèmes alimentaires responsables :
    L’UE encourage une pêche et une aquaculture responsables pour garantir des stocks durables, ainsi que la culture d'algues en alternative à l'agriculture conventionnelle.

50 NUANCES DE BLEU

L'économie bleue représente un domaine d'intérêt croissant à l'échelle mondiale, offrant une gamme variée d'enjeux et d'opportunités dans différents secteurs. De la production d'énergie aux transports, du tourisme à l'alimentation, en passant par la médecine et la biotechnologie, ces activités englobent un large éventail de domaines qui tirent parti des ressources marines et côtières pour un développement économique durable. Décryptage de quelques secteurs en mutation.

Source : La Mer, Nouvelle Frontière Pour L’environnement et L’économie | EpE | Entreprises Pour L’Environnement, s. d.

Les activités de l’économie bleue

Transport bleu

Le transport maritime, partie intégrante du secteur du transport bleu, joue un rôle essentiel en facilitant le commerce international et la connectivité entre les régions du monde. De plus, le transport intérieur est également inclus dans l’économie bleue car il englobe le déplacement de passagers et de marchandises à travers les rivières, les canaux, les lacs et d’autres voies navigables intérieures, incluant les ports.

L’Union européenne, en tant que plus grand bloc commercial mondial, dépend fortement du transport maritime pour ses échanges commerciaux. En effet, selon les données de 2021 provenant du rapport sur la Blue Economy de la Commission européenne 2023, 74 % des importations et exportations totales de marchandises de l’UE ont été effectuées par voie maritime. Au niveau mondial, le transport maritime est responsable de près de 80 % de la valeur totale du commerce et de 90 % du volume total des échanges commerciaux. Ce secteur exerce donc une influence significative sur l’empreinte carbone et l’impact environnemental de notre planète. Effectivement, comme l'Organisation maritime internationale (OMI) l'a souligné, le transport maritime demeure une source significative de pression environnementale, avec des projections d'émissions de gaz à effet de serre atteignant entre 90 et 130 % des niveaux de 2008 d'ici à 2050. Bien que l'OMI se soit engagée à réduire de moitié ces émissions d'ici 2050 par rapport à 2008, le secteur peine à mettre en oeuvre cette transition dans le délai fixé. Il est donc crucial de considérer des alternatives plus durables pour répondre à ces enjeux telles que la filière vélique en plein essor. Ainsi, d’ici 2050, entre 37 000 et 40 000 installations de propulsion éolienne pourraient être installées.

Credit : Mauric / Neoline

Première génération de navire pilote Neoline d'une longueur de 136m

Energie bleue

La transition vers une énergie durable nécessite à l’heure actuelle une expansion rapide de la production d'électricité renouvelable et la conversion des secteurs encore reliés aux hydrocarbures. Dans ce cadre, les énergies renouvelables marines apparaissent comme une source prometteuse, explorant les marées, la houle, les courants et le vent. Selon les spécialistes du Global Wind Energy Council, l'expansion des énergies renouvelables en mer pourrait contribuer à atteindre près de 10 % des réductions annuelles d'émissions de gaz à effet de serre requises d'ici 2050 pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. L’Union européenne bénéficie d’un avantage
distinctif pour développer et promouvoir les énergies renouvelables en mer puisqu’elle est actuellement le premier producteur d’énergie éolienne, d’énergie houlomotrice, d’énergie marémotrice et le plus vaste espace maritime au monde.

En matière d’énergie bleue, on distingue deux grands ensembles : les énergies éoliennes offshore et les énergies dites océaniques. Les installations éoliennes en mer représentaient en 2022 une capacité cumulée totale de 16 GW dans l’UE.

À l’échelle mondiale, la capacité mondiale éolienne offshore sera multipliée par quinze d’ici 2040 selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie.

Les énergies océaniques, quant à elles, plus précisément houlomotrice, marémotrice et la conversion de l’énergie thermique des océans, sont encore assez sous-développées. D’ailleurs, début 2023, l’Europe disposait d’une capacité opérationnelle d’énergie océanique d’uniquement 13 MW, sur un total de 43 MW de capacité cumulée constituée par les démonstrateurs installés depuis 2010.

Toutefois, l’ère des hydrocarbures n’est pas révolue. La découverte de nouveaux gisements en eaux profondes et les avancées technologiques qui les rendent exploitables ont propulsé la production d'hydrocarbures offshore à un tiers de la production mondiale. Alors que l'urgence d'abandonner les énergies fossiles s'intensifie pour contrer le changement climatique, de nouvelles opportunités d'exploitation de gisements émergent, notamment en Arctique. C’est dans ce contexte que l’énergie bleue durable s’affirme comme un maillon essentiel de la nécessaire transition énergétique.

Photo : Shaun Dakin

Source : Cour des comptes européenne, sur la base de la stratégie de l'Union sur les énergies renouvelables en mer.

Les objectifs en matières d'énergies marines renouvelables intégrés dans la stratégie de l'UE

Tourisme bleu

Un rapport publié par la Blue Tourism Initiative en 2023 décrit le tourisme côtier et maritime (TCM), également connu sous le nom de tourisme bleu, comme étant l’un des secteurs les plus importants de l’économie bleue et de l’industrie touristique. Il est également le secteur économique en mer connaissant la croissance la plus rapide. Le tourisme côtier englobe une variété d’activités de loisirs sur les plages, telles que la natation, le bronzage, le surf et la pêche récréative, ainsi que des activités terrestres dans la zone côtière, telles que les promenades le long du littoral ou l’observation de la faune et de la flore marines. Le tourisme bleu représente au moins 50 % du secteur touristique mondial et soutient des millions d’emplois et de moyens de subsistance dans le monde entier.

Toutefois, le tourisme côtier a un impact environnemental direct important. Selon le WWF, 52 % des déchets trouvés dans la mer Méditerranée sont attribués au tourisme. À cela s'ajoutent les émissions provenant des voyages et l'artificialisation causée par le développement d'infrastructures touristiques et de zones urbanisées. Autre aspect souvent négligé : l'impact de la crème solaire sur les écosystèmes marins. Utilisée pour protéger la peau des effets nocifs du soleil, la crème solaire traditionnelle – des alternatives existent désormais – peut avoir des conséquences néfastes sur les récifs coralliens et la vie marine en raison de ses composants chimiques, dont en moyenne environ 25% se dispersent dans l’océan.

Afin de limiter ces divers impacts, le concept d’écotourisme trouve un succès grandissant, se définissant comme un tourisme responsable qui vise à soutenir la conservation des environnements naturels. Même les bateaux de croisière, souvent critiqués pour leur impact écologique, offrent des opportunités de transition vers des pratiques plus durables. Un exemple à suivre est le projet de paquebot à zéro émission de l'entreprise norvégienne Hurtigruten, baptisé « Sea Zero », qui peut accueillir 500 passagers tout en naviguant dans la Mer du Nord grâce à ses technologies électriques innovantes.

Photo : Atif Zafrak

Alimentation bleue

La « blue food », ou alimentation bleue, est une notion émergente qui se réfère à la production et à la consommation d’aliments provenant des ressources marines. Elle englobe une gamme diversifiée de produits alimentaires tels que les poissons, les fruits de mer, les algues et d’autres organismes aquatiques. Le portefeuille d’aliments bleus est très diversifié. Plus de 2 500 espèces d’animaux marins et d’eau douce, de plantes et d’algues sont présentes dans l’alimentation humaine. Ces aliments sont vitaux pour environ trois milliards de personnes, représentant ainsi près de 20 % de leur apport en protéines animales. Pour 10 à 12 % de la population mondiale, la pêche constitue une source principale de revenus, soulignant ainsi l’importance économique et sociale des ressources marines. L'Union européenne se classe au sixième rang mondial en termes de production de produits de la pêche et de l'aquaculture.

Au total, ce sont plus de 157 millions de tonnes d'animaux aquatiques, représentant ainsi 89 % du volume total, qui ont été destinées à la consommation humaine en 2020 selon le rapport « La Situation Mondiale des Pêches et de L’aquaculture 2022 ». Toutefois, les ressources halieutiques disponibles font face à des menaces croissantes dues à l'expansion de la flotte, aux méthodes de pêche destructrices et à la pêche illégale, non déclarée et non réglementée. L’encadrement effectif des méthodes de pêche par les États et la promotion de pratiques régénératrices est clef pour assurer les stocks de notre alimentation bleue future.

Aussi, les perspectives de croissance de l'aquaculture sont prometteuses, car cette activité offre une solution au défi posé par la gestion durable des stocks de poissons face à une demande croissante en protéines. Selon la FAO, l'aquaculture est en mesure de réaliser les trois objectifs de l'agriculture intelligente : augmenter la productivité, s'adapter au changement climatique et réduire les émissions de gaz à effet de serre. Néanmoins, l’aquaculture progressant dans des proportions colossales sur le plan mondial, suscite de fortes préoccupations quant à son impact environnemental.

Photo : Thiebaud Faix

Biotechnologie et médecine bleue

Le secteur de la biotechnologie bleue est très prometteur. Il représente une avancée majeure dans le domaine de la recherche scientifique, focalisée sur l’exploration des ressources et des organismes marins en vue de développer de nouvelles technologies et applications. Également désignées sous le nom de biotechnologies marines, ces techniques regroupent des procédés visant à transformer les ressources marines en une variété de services et de produits dans divers secteurs y compris les produits pharmaceutiques, cosmétiques, l’aquaculture, l’agroalimentaire, l’énergie et la restauration de l’environnement. Cette transformation s’appuie sur l’utilisation de micro-organismes tels que les microalgues, les bactéries et les champignons, ainsi que sur des organismes marins tels que les algues et les invertébrés.

Selon la Commission européenne, la culture d’algues représente une industrie significative en Europe, avec la production d’algues et de spiruline à des fins commerciales dans 23 États membres. Les ventes annuelles ont dépassé les 10 millions d’euros dans les pays de l’UE possédant le plus grand nombre d’installations de production, notamment au Portugal. De plus, selon l’Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture, en 2019, l'aquaculture de l'UE a produit plus de 260 tonnes de macroalgues en Espagne, en Irlande et au Portugal.

La biotechnologie bleue trouve également des applications dans des domaines tels que la pharmacologie et la médecine. En effet, les océans abritent la plus vaste réserve de ressources biologiques, offrant une biodiversité sans pareille par rapport à tout autre écosystème terrestre. Ils comptent environ 500 000 espèces d'animaux et de plantes appartenant à 28 phylums (catégories) différents. Parmi eux, neuf types d'animaux et de plantes marins ont été particulièrement étudiés pour isoler des produits naturels aux propriétés médicinales. Par ailleurs, de nombreuses molécules bioactives marines sont entrées sur le marché mondial des médicaments et ont fait l'objet d'essais cliniques, telles que des alcaloïdes, des anthraquinones, des peptides, des polysaccharides, des polykétides et des terpènes. Les produits naturels marins ont des effets curatifs sur le traitement de diverses maladies humaines, en matière d'infections virales, tumeurs, inflammation ou résistance aux antibiotiques. Actuellement, 17 médicaments dérivés de sources marines sont disponibles sur les marchés pharmaceutiques de l'Union européenne, des États-Unis, ainsi que d'autres pays comme l'Australie et la Chine. Les molécules présentes dans les mers sont encore largement méconnues. Elles constituent ainsi un champ prometteur d’avancées en pharmacologie.

Photo : Mickael Schiffer

Finance bleue

La finance joue un rôle moteur dans le soutien et le développement de l’économie bleue durable. Les flux financiers dédiés à ces activités tracent une trajectoire claire, canalisant des ressources vers des projets marins essentiels. Ces flux, délibérément dirigés vers des secteurs tels que l'énergie bleue, les infrastructures de transport maritime durables et la recherche marine, alimentent la croissance durable de l'économie bleue. Les Blue bonds émergent notamment comme des instruments novateurs dédiés au financement de projets liés à la préservation des océans. Ces obligations, spécifiquement conçues pour soutenir des initiatives durables, ont atteint un volume total de 5 milliards de dollars entre 2018 et 2022. 

De plus, divers partenariats ont émergé pour soutenir cette économie. Le Partenariat pour l'Économie Bleue Durable vise à coordonner les investissements en recherche et innovation dans le domaine, englobant les bassins marins et l'océan Atlantique dont les investissements prévus sur 7 ans devraient atteindre 450 millions d'euros d’ici 2030. En parrallèle, le Partenariat Bleu pour la Méditerranée représente une alliance collaborative cherchant à harmoniser les actions et mobiliser des ressources pour promouvoir une économie durable axée sur les activités marines le long de la côte sud de la Méditerranée, avec l'objectif ambitieux de mobiliser au moins 1 milliard d'euros d'investissements.

Par ailleurs, certains États comme le Luxembourg, pourtant pays enclavé, entendent jouer un rôle important dans le développement de cette finance bleue. En effet, le Grand-Duché a contribué à hauteur de 40 millions d'euros dans le nouveau mécanisme de financement des énergies renouvelables de l'UE (Renewable Energy Financing Mechanism – REFM) en tant que pays « contributeur ». De plus, il soutient des énergies renouvelables maritimes au Danemark et annonce pouvoir verser entre 33 et 66 millions d'euros pour ce projet. 

Un acteur clef de la finance bleue en Europe est la Banque européenne d'investissement (BEI). Face aux défis environnementaux qui menacent les océans, en tant que promoteur majeur de la lutte contre le changement climatique, l’institution a renforcé son engagement envers les secteurs liés à l'économie maritime (voir notre interview avec Franck Jesus, conseiller principal du département climat de la BEI et coordinateur pour l’économie bleue). En investissant dans des initiatives favorisant une économie bleue durable, la BEI soutient des solutions à faible émission de carbone, la résilience côtière face aux impacts des changements climatiques, ainsi que la préservation et la restauration des écosystèmes marins. Entre 2019 et 2023, les financements de la BEI dans ce domaine ont atteint 7,3 milliards d'euros, mobilisant ainsi 30,8 milliards d'euros d'investissements. 

À travers ces divers mécanismes, la Blue Finance s'affirme comme un catalyseur de changement, propulsant l'économie bleue vers des horizons durables. Néanmoins, il est important de noter qu'en dépit de ces avancées, l'objectif océanique est le moins financé parmi les 17 Objectifs de Développement Durable (ODD) définis par l'Agenda 2030 des Nations Unies en 2015. La cause des océans doit donc encore être portée auprès des financiers.

Source : BEI

Gardez le cap : principe de précaution et gouvernance

Après le greenwashing, le bluewashing fait également sa place. Le bluewashing apparait lorsque les entreprises ou les gouvernements utilisent des stratégies de communication pour donner une fausse impression de durabilité environnementale dans le contexte maritime. Une économie bleue n’est pas forcément durable, loin de là. Lorsqu'on aborde le concept de l'économie bleue durable, il est essentiel d'examiner la manière dont le principe de précaution et les principes de gouvernance sont intégrés. Le principe de précaution encourage à prendre des mesures anticipées pour prévenir les dommages environnementaux potentiels, tandis que la gouvernance efficace garantit la gestion responsable et équilibrée des ressources marines pour un développement durable. Divers sujets peuvent être placés sous le principe de précaution, tels que les tentatives de géo ingénierie, les techniques classiques de dessalement ou encore l’exploration de fonds marins avec notamment le Deep Sea Mining. Sur ce point d’ailleurs, le Parlement européen a demandé à la Commission européenne d'appliquer le principe de précaution à l'exploitation minière des fonds marins et de privilégier la réutilisation et le recyclage des minéraux comme alternatives à cette exploitation.

Faire prendre conscience à la fois au grand public et aux décideurs que toute l’humanité dépend des services écosystémiques marins pour sa survie permettra de mettre en place une gouvernance adaptée des océans, réunissant l'ensemble des parties prenantes. Les deux objectifs essentiels d’une telle approche sont : soutenir les systèmes de gestion des zones côtières déjà établis par les communautés locales, et assurer la protection et la gestion efficace des espèces et de leurs habitats dans les zones internationales en utilisant divers outils de conservation. De plus, les cibles de l'ODD 14 fournissent une opportunité de mettre la gouvernance des océans au premier plan du débat mondial sur le développement durable, afin que l’économie bleue soit résolument durable.

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