Dans un monde d’hyperconnexion, ordinateurs, tablettes et téléphones sont devenus des outils de travail indispensables et nous suivent partout au quotidien. Ils ont transformé notre rapport à la connaissance, nos façons de collaborer, et de vivre en société. La révolution digitale a ainsi donné naissance à nous autres, homo connectus. Bien installés derrière nos écrans, dotés de super-pouvoirs d’ubiquité et d’instantanéité, nous avons cependant parfois des difficultés à nous rendre compte des impacts pourtant pluriels de nos modes de communication. Se pourrait-il que malgré notre immersion digitale, nous soyons déconnectés de la réalité que nos appareils favoris cachent ? Pour le savoir, suivons leur trace !



Vous avez dit des métaux ?

Au commencement, il y a les matières premières. L’impact de nos technologies commence dès leur extraction et peut se manifester par le détournement illégal de certaines ressources. C’est par exemple le cas au sein de la République du Congo où des crimes contre l’humanité sont perpétués lors de la vente de certains métaux communément nommés « les minerais de conflit », ou plus tragiquement « les minerais du sang » . Il s’agit notamment de l’étain, du tantale, de l’or et du tungstène, matières très utilisées dans la fabrication de nos appareils de communication.

Depuis les années 1990 et l’essor high-tech mondial, certaines mines sont accaparées par des groupes de rebelles. L’argent issu de la vente des minerais permet d’acheter des armes et d’alimenter les conflits régionaux dans l’ignorance complète des droits de l’Homme. Afin de remédier à cette situation, plusieurs mesures légales ont été prises dans le monde. Aux États-Unis, la loi Dodd-Frank datant de 2010 oblige les entreprises enregistrées à la bourse américaine à déclarer la provenance de ces métaux dans leurs produits. Si ceux-ci parviennent de la République du Congo ou d’un pays environnant, elles sont soumises à un audit externe. En Europe, des lois exigent des contrôles en amont de la chaîne afin d’assurer la traçabilité des métaux. Cependant, la portée de ces mesures reste encore trop circonscrite lorsque l’on sait qu’aucune régulation de cet acabit n’existe en Asie, grande productrice d’objets high-tech. 

La question de l’extraction des matières premières étant tout à fait matérielle pour les fabricants, Fairphone a décidé de mettre en place une chaîne d'approvisionnement de cobalt traçable, provenant d'une sélection de sites miniers artisanaux et à petite échelle au Congo. Bien que le cobalt ne soit pas classé comme un minerai de conflit, les conditions minières sont souvent associées à de graves violations des droits humains, y compris le travail des enfants. La marque travaillera directement avec ces sites pour y améliorer les conditions de travail.

Autre problème, celui des métaux rares, comme le soulève le très médiatisé ouvrage de Guillaume Pitron « La guerre des métaux rares » paru en début d’année et sujet à de nombreux débats. Il y met en garde contre l’épuisement des réserves de métaux contenus dans les smartphones comme l’or ou l’argent, suite à leur forte exploitation. De plus, ces métaux sont souvent extraits dans des mines très polluantes situées dans des pays en développement, engendrant des contaminations du sol et de l’eau ainsi que de nombreuses maladies dans les régions concernées. Un sujet à suivre de très près donc.

Crédit : Compound Interest 2015

Des outils numériques énergivores

L’impact environnemental de la production d’énergie nécessaire au bon fonctionnement de ces derniers ne fait plus de doute. En 2015, le secteur informatique consommait 10 % de la production d’électricité mondiale. Un point crucial subsiste : l’hébergement des données. En effet, la virtualité d’internet n’est plus qu’un pâle concept face aux quelque 3 209 data centers disséminés aux 4 coins du monde. Les serveurs informatiques qu’ils abritent doivent rester dans une pièce tempérée à environ 24 degrés toute l’année pour éviter toute surchauffe. Leur consommation d’énergie est alors vertigineuse… À titre de comparaison, les data centers de Facebook consomment autant d’énergie qu’une ville de près de 280 000 habitants. Afin de réduire leurs factures d’énergie et d’agir en faveur de l’environnement, certaines multinationales ont décidé d’implanter leur data centers dans des pays froids, comme les pays Scandinaves, ou de faire appel aux énergies vertes en s’orientant vers l’usage de data centers solaires. Au Grand-Duché, Luxconnect a fait du data center vert un crédo, maximisant les potentialités d’économie circulaire et réduisant ainsi considérablement ses émissions.

L’épineuse question de l’usage

Des impacts environnementaux certes, mais aussi psychosociaux… C’est indéniable, la communication digitale booste notre réactivité et notre productivité, elle nous invite à aborder les sujets de façon agile et collaborative. Les mérites de l’incursion du digital dans notre vie professionnelle ont été largement vantés et ne sont plus à démontrer. Les impacts positifs de cette révolution sont bien là mais, à s’engouffrer sans recul dans ce tout-communicationnel, on touche aux limites du modèle. Vers quel dosage, vers quel équilibre peut-on tendre ? En moyenne, les collaborateurs échangent 112 mails par jour ! Être connecté en permanence peut parfois se révéler contreproductif en milieu professionnel et de nombreuses entreprises se penchent sur des systèmes de communication alternatifs. Avec les smartphones ou ordinateurs portables de fonction, la limite entre vie professionnelle et vie privée devient floue. De récentes études ont en effet identifié des rapports de dépendance et de forts dysfonctionnements psychosociaux chez les utilisateurs intensifs. Face à l’augmentation du stress chronique en entreprise, la question du droit à la déconnexion s’invite désormais dans les discussions des services RH. 

De notre bureau à leurs destins tragiques

Poursuivons encore la trace ou devrait-on dire l’empreinte de nos appareils numériques… qu’advient-il d’eux en fin d’usage ? Le nombre d’utilisateurs de téléphone mobile dans le monde a aujourd'hui dépassé la barre des cinq milliards et mauvaise nouvelle, le recyclage de ces produits ne se fait que très difficilement. À ce jour notamment, seulement moins de 1% des métaux utilisés pour nos appareils high-tech sont recyclés. Un téléphone portable compte en effet plus de 60 métaux différents, et seulement une vingtaine peut être recyclée ; cela pour plusieurs raisons : leur utilisation en alliage, la perte d’une partie du métal lors de la fonte ou encore le tri devenu impossible de par la quantité de métaux trop importante. Au Luxembourg, une initiative existe pour recycler ordinateurs et téléphones. Celle-ci est menée par Digital-Inclusion, une association qui restaure les anciens appareils pour les distribuer aux personnes dans le besoin. L’obsolescence programmée de nos appareils nous pousse à les jeter de plus en plus tôt, la réparation étant parfois plus coûteuse que le prix d’un appareil neuf. Ce phénomène, déjà remarqué aux États-Unis dans les années 1930, consiste à diminuer à dessein la durée de vie des produits afin de stimuler la demande. Cette question s’est invitée au cœur de l’actualité puisque l’association française Halte à l’Obsolescence Programmée (HOP) a déposé une plainte contre Apple, à la fin de l’année dernière. La multinationale est accusée de ralentir volontairement ses anciens modèles de téléphones afin d’en vendre de plus récents. La marque à la pomme a admis avoir procédé à cette démarche, reconnaissant par ailleurs que ses clients changent en moyenne de smartphones tous les 3 ans. Selon le cabinet Gartner, spécialiste des high-tech, les utilisateurs d’Europe de l’Ouest renouvellent leur téléphone mobile toutes les 2,4 années (toutes les 3,1 années pour les appareils haut de gamme). Les chiffres sont un peu meilleurs pour les autres supports avec 5 années pour un ordinateur fixe, 4 années pour un portable et 3 années pour une tablette. Selon la Defra (Department for Environment, Food and Rural Affairs, au Royaume-Uni), 59% des téléphones remplacés, s’ils ne sont plus forcément compatibles avec les dernières applications, fonctionnent encore. Un chiffre qui fait réfléchir…

Source : Global Witness

Quand les parents GAFA choisissent la Low Tech attitude

À l’heure du tout-digital, un nouveau mouvement émerge : le Low Tech. Celui-ci s’est donné pour objectif de créer des systèmes ingénieux, durables et accessibles à tous ne nécessitant pas ou peu d’énergie et s’affirme comme une solution face à la crise environnementale qui se dessine.

Le Low Tech a son « Lab », un projet de recherche international collaboratif visant à promouvoir des solutions Low Tech locales. Des laboratoires sont implantés en France, au Maroc et en Inde. Ils partagent des objets Low Tech innovants à reproduire soi-même. À titre d’exemple, un tutoriel permet de recycler une batterie d’ordinateur en lampe. Mais le Low Tech est avant tout une attitude qui entend échapper à un monde de virtualité et vise la création de lien social en s’appuyant sur une communauté d’échange et de partage. Aux États-Unis, il existe de nombreuses écoles Low Tech, dont une implantée en Californie, au cœur de la Silicon Valley qui, ironie de l’histoire, accueille des enfants dont les parents travaillent chez… Google, Ebay, Yahoo, Apple, ou encore Facebook ! Ces écoles ne comportent aucune technologie et affirment qu’aucun ordinateur n’est nécessaire lors des sept premières années d’études d’un enfant. Ces écoles auraient pour objectif de développer la créativité et la logique des enfants, en les incitant à réfléchir plutôt qu’à lancer des recherches internet. Un mouvement qui peut surprendre alors que la numérisation de l’école est la tendance dominante…


Quand les parents GAFA choisissent la Low Tech attitude

À l’heure du tout-digital, un nouveau mouvement émerge : le Low Tech. Celui-ci s’est donné pour objectif de créer des systèmes ingénieux, durables et accessibles à tous ne nécessitant pas ou peu d’énergie et s’affirme comme une solution face à la crise environnementale qui se dessine.

Le Low Tech a son « Lab », un projet de recherche international collaboratif visant à promouvoir des solutions Low Tech locales. Des laboratoires sont implantés en France, au Maroc et en Inde. Ils partagent des objets Low Tech innovants à reproduire soi-même. À titre d’exemple, un tutoriel permet de recycler une batterie d’ordinateur en lampe. Mais le Low Tech est avant tout une attitude qui entend échapper à un monde de virtualité et vise la création de lien social en s’appuyant sur une communauté d’échange et de partage. Aux États-Unis, il existe de nombreuses écoles Low Tech, dont une implantée en Californie, au cœur de la Silicon Valley qui, ironie de l’histoire, accueille des enfants dont les parents travaillent chez… Google, Ebay, Yahoo, Apple, ou encore Facebook ! Ces écoles ne comportent aucune technologie et affirment qu’aucun ordinateur n’est nécessaire lors des sept premières années d’études d’un enfant. Ces écoles auraient pour objectif de développer la créativité et la logique des enfants, en les incitant à réfléchir plutôt qu’à lancer des recherches internet. Un mouvement qui peut surprendre alors que la numérisation de l’école est la tendance dominante…


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