Crédit : IMS Luxembourg

La pratique d'ING Luxembourg a été nominée dans le cadre des Diversity Awards 2015. Stéphanie Deitz, Diversity Coordinateur, présente leur programme de prévention mis en place en 2012. Un projet dont les bases sont la communication, la formation, l'encadrement et l'écoute. 


INTERVIEW


Sustainability MAG : Le burn-out est un sujet bien souvent tabou et compliqué à traiter en entreprise. Comment l’abordez-vous chez ING Luxembourg ?

Stéphanie Deitz : Chez ING, nous recherchons durablement l’équilibre entre performance, satisfaction et bien-être au travail. Le  burn-out existe. C’est pourquoi il est important de reconnaître son existence en brisant le tabou et d’essayer de réduire au maximum les risques de chute parmi nos collègues. Nous avons donc pris nos responsabilités et choisi d’en parler, de former et surtout de permettre à ceux qui le souhaitent d’en discuter.

Quelles mesures concrètes avez-vous mises en place ? Comment celles-ci s’appliquent-elles à l’ensemble des collaborateurs ?

Notre programme de prévention, comprenant communication, formation, encadrement et écoute, a été mis en place en 2012 et une charte signée par notre Comité de Direction en pose les bases. Des séances d’information pour démystifier le burn-out sont ainsi régulièrement organisées et ouvertes à tous. Nos managers ont été formés à reconnaître les signes annonciateurs et à adapter leur mode de communication. En outre, tout employé qui se sent en souffrance peut s’adresser à notre réseau de vigilance, composé de collègues formés à l’écoute et à la redirection vers un médecin. Avoir quelqu’un à qui parler de manière confidentielle est une aide précieuse dans ce cas. Ce réseau est composé d’hommes et de femmes travaillant dans différents départements, tant employés que managers, y compris des membres de la délégation du personnel. Ils ne posent pas de diagnostic. Pour ce faire, nous travaillons avec la médecine du travail (ASTF). Il est en effet essentiel qu’un médecin évalue et conseille pour une aide adéquate. C’est lui qui établit, ou non, une ordonnance confidentielle proposant un coaching préventif, confidentiel lui aussi, aux personnes qui sont réellement en pré-burn-out. Si la chute est constatée, l’employé sera dirigé vers le spécialiste adapté pour une prise en charge médicale et un accompagnement par un coach sera ensuite proposé pour faciliter son retour.

Est-il possible d’évaluer les retombées de ces actions ?

Chaque personne qui ne chute pas est un succès et c’est ce qui nous motive tous les jours dans notre démarche de soutien. Il est difficile d’évaluer les résultats de manière chiffrée ; nous ne connaissons pas en effet tous les cas de personnes en souffrance, d’autant plus que la confidentialité est la clé de voûte de notre programme de prévention. Notre suivi porte donc sur celles qui ont parlé à un membre du réseau de vigilance, quelle que soit la raison de leur démarche. Nous restons proches des employés qui ont profité d’un coaching préventif et, 4 ans après le lancement du programme, nous constatons que plus de 90% de ceux qui ont été accompagnés par un coach n’ont pas chuté !

Stéphanie Deitz 

Stéphanie Deitz est HR Account Manager et CSR & Diversity Coordinator chez ING Luxembourg depuis plus de cinq ans. Ses missions consistent à mettre en place une stratégie RSE et diversité en adéquation avec les valeurs d’ING.

Le point de vue de ...
Patrizia Thiry
Directrice Générale de l’Association pour la Santé au Travail du secteur Financier

Sustainability MAG : Au Luxembourg, le secteur financier est particulièrement touché par l’épuisement professionnel, quelles en sont selon vous les raisons ?

Aujourd’hui, principalement en raison des NTIC, nous demandons aux collaborateurs d’être sans cesse plus flexibles, plus productifs, de rester connectés sous un contrôle constant. Selon moi, cette situation résulte d’un récent changement organisationnel du secteur financier. En effet, nous y employons moins de monde pour produire la même quantité de travail. En cause également, la surcharge de procédures administratives qui font perdre leur sens aux tâches initiales. Enfin, nous vivons dans un monde individualiste où se mêlent manque de reconnaissance et d’esprit d’équipe.

Le projet Phénix a été mis en place en 2011 afin de prévenir et de diagnostiquer le burn-out au sein des entreprises membres de l’ASTF, comment est-il concrètement mis en place ?

Le projet Phénix est un projet pyramidal à destination de la hiérarchie, du management ainsi que des collaborateurs. Nous tentons de détabouiser le burn-out à travers des heures de formation, des sessions d’information, des cours de communication et de gestion du burn-out pour le management ainsi qu’à travers des conseils et de la prévention à destination des salariés. Ce projet est mis en place via des modules adaptés aux besoins et à la demande des entreprises membres. La prise de conscience et la mise en confiance sont longues et il reste du chemin à parcourir mais, chaque année, davantage de personnes sont prises en charge.