Crédit : PUR Projet

Les manifestations de la déforestation galopante font rage aux quatre coins du globe. L’Australie sous les flammes, la radieuse Singapour régulièrement plongée dans les épaisses fumées de Bornéo et Sumatra, le bassin du Congo qui voit son couvert forestier gravement amputé, ou bien sûr, la plus médiatisée Amazonie dont les peuples autochtones réclament la protection… Fait moins connu, les forêts boréales russes et canadiennes sont aussi en état d’alerte… 

Le rythme est effréné : dans le monde, chaque minute, plus de 2 000 arbres sont détruits. Et les multiples services qu’ils nous rendent avec. Leurs superpouvoirs mésestimés sont ainsi coupés menu ou partent en fumée. Ces puits de carbone disparaissent à vitesse grand V, et donc leur fonction régulatrice, entraînant des incidences majeures sur l’évolution du climat. Au premier rang des préoccupations également, la colossale perte en biodiversité et le déplacement des communautés locales.

L'enjeu capte désormais l’attention internationale. Le patrimoine commun est invoqué à coups de droit d’ingérence et de crises diplomatiques. Une chose est claire : l’arbre s’est définitivement invité au cœur de la géopolitique moderne.



Des réserves de carbone à l’épreuve des mégafeux

Le passage à la nouvelle décade a été tristement terni par les incendies massifs qui ont ravagé une vaste partie des forêts australiennes. Plus de onze millions d'hectares sont désormais réduits en cendres, à savoir trois fois la surface de la Belgique. Quasi inextinguibles, ce sont les mégafeux, un phénomène d’un genre nouveau qui sévit désormais de façon récurrente de part et d’autre du globe. Les conditions y sont de plus en plus propices allant jusqu’aux déclenchements de tornades de feux, ces « firenado » particulièrement destructrices.

Un facteur déterminant est pointé du doigt par les scientifiques : le réchauffement climatique qui allonge la durée de la saison des incendies. Pour l’Australie en l’occurrence, sécheresse prolongée et vents forts ont transformé les premières étincelles en un immense brasier. Le GIEC souligne le rôle central des émissions de GES dans ce processus : à l’origine des bouleversements climatiques favorisant les incendies, elles en sont aussi la résultante lorsque les forêts partent en fumée, formant ainsi une véritable boucle de rétroaction. Les scientifiques estiment ainsi que l’Australie va doubler ses émissions cette année avec près de 400 millions de tonnes de CO2 incrémental. Au total, le programme européen Copernicus a observé plus de 6000 Giga tonnes de COrejetées du fait des feux de forêts l’année dernière. Un cycle infernal qu’il est urgent d’enrayer par une politique volontariste bas carbone, car, il faut le rappeler, après les océans, les forêts constituent le 2ème réservoir de carbone. Elles séquestrent annuellement 19 % des émissions anthropiques mondiales. 

Fait particulièrement inquiétant, des rapports récents notamment publiés dans Nature Plants montrent même que certaines forêts et sols tropicaux fragilisés peuvent ainsi devenir non plus capteurs mais émetteurs d’émissions. Un phénomène imputable aux feux accidentels mais aussi à des usages éminemment préempteurs qui plongent les forêts dans de tristes concerts de tronçonneuses ou fumées de brûlis.

Crédit : NASA, Janvier 2020

Les feux ont ravagé près de la moitié de l’île aux kangourous.

Pratiques extractivistes et changement d’affectation des terres

La déforestation est sous-tendue par deux sujets majeurs : ceux de la sécurité alimentaire et de l’accès à l’énergie.

La question énergétique

Près d’un tiers de la population mondiale utilise le bois comme source énergétique. Les forêts sont tout particulièrement le combustible des populations vulnérables. Dans le Delta du Congo, la situation est plus qu’alarmante. Deuxième poumon vert du monde, la forêt y est frappée de plein fouet par la déforestation. Selon Global Forest Watch, la République démocratique du Congo a presque doublé son taux de perte de forêt primaire depuis 2010 et le pays se classe désormais tristement au deuxième rang des nations enregistrant le plus de pertes par an, tout juste derrière le Brésil. « On estime que le couvert forestier de la RDC est passé de 67 % à 54 % du territoire entre 2003 et 2018 », explique Tosi Mpanu Mpanu, l’ambassadeur et négociateur climat pour la RDC aux conférences climat des Nations unies. «_La RDC a pris un engagement international de stabiliser son couvert forestier à 63,5 % de son territoire (2,3 millions de km2). Et l’on est en train de perdre ce combat-là ».

Dans ce pays où la population a essentiellement recours au bois comme source d’énergie, c’est une réelle transition énergétique qui est nécessaire, car uniquement 8 % des habitants ont accès à l’électricité, et seulement 1 % en milieu rural. "Étant donné que plus de 90 % de l'énergie consommée en RDC provient du bois, l'absence de progrès dans la desserte en énergie propre et renouvelable constitue une menace directe pour nos forêts", a déclaré en août dernier le président Félix Tshisekedi. « Au rythme actuel d'accroissement de la population et de nos besoins en énergie, nos forêts sont menacées de disparition à l'horizon 2100 », alerte-t-il, ambitionnant de développer l’immense potentiel hydro-électrique du pays.

La sécurité alimentaire en jeu

Selon les projections, la population mondiale devrait avoisiner les 10 milliards d’individus en 2050. La FAO estime dans son dernier rapport sur La Situation des Forêts dans le Monde que la demande alimentaire doublera sur cette période. Or, la principale cause de la déforestation généralisée est la demande agro-industrielle. Selon Rhett A. Butler (Mongabay), l'élevage de bétail représente 65 à 70 % de la déforestation en Amazonie, suivi par l'agriculture (y compris les petites exploitations de subsistance et les exploitations commerciales), principalement la production de soja, qui occupe 25 à 30 % des terres déboisées.

La Plateforme Intergouvernementale sur la Biodiversité et les Services Écosystémiques (IPBES) relève ainsi que 50 % de l'expansion agricole s'est faite au détriment des forêts, conduisant à une perte ou dégradation rapide des habitats naturels particulièrement dommageable. Alors que l'IPBES comptabilise que "plus d'un tiers de la surface terrestre mondiale et près de 75 % des ressources en eau douce sont désormais consacrés à la production végétale ou animale", il semble déterminant désormais de penser la production alimentaire accrue avec des modèles plus efficients et donc sans réduire les couverts forestiers. Il y a ici un réel enjeu de sécurité alimentaire et de compétition pour les sols, avec la majorité du déboisement actuel clairement attribuée à la conversion des terres forestières en zones de culture et d’élevage destinés pour l’essentiel à… l’export.

Crédit : NASA, août 2019

Aux confins du Brésil, de la Bolivie et du Paraguay. En brun, les territoires brûlés seront affectés aux cultures et à l'élevage.

Crédit : TRASE, yearbook 2018

Expansion de la culture du soja au Brésil, en Argentine et au Paraguay.

Nos modes de consommation en cause

Au cœur de la déforestation se trouvent les produits référencés dans les rayons de nos supermarchés. Céréales, viande, papier, avocats, huile de palme… D’où la nécessité de sensibiliser et d’impliquer citoyens et acteurs privés dans les politiques de préservation des écosystèmes forestiers. Des organismes tels que TRASE (Transparent Supply Chains for Sustainable Economies) permettent ainsi de fournir les informations nécessaires aux entreprises afin de comprendre les impacts de leurs chaînes d’approvisionnement sur les forêts. 

La culture du soja est particulièrement révélatrice de l’évolution de la situation, comptant parmi les causes majeures du changement d’affectation des terres au Brésil. Le dernier rapport de TRASE montre ainsi qu’avec l’Argentine et le Paraguay, le Brésil cultive près de 50 %  du soja mondial, contre 3 % il y a 50 ans. Sur cette période, le territoire dédié à la production de soja a été multiplié par 40 et représente aujourd’hui la taille de l’Espagne. Cette forte demande est soutenue notamment par le marché européen, mais en majorité par la Chine, dont les imports de soja brésilien ont grimpé de 300 % sur les 10 dernières années.

De l’autre côté du globe, en Indonésie, les exportations d’huile de palme et de papier vont également grand train. Malgré une politique plus restrictive du gouvernement en la matière, selon Global Forest Watch, l’Indonésie a perdu 25,6 millions d’hectares de surfaces boisées depuis 2000, à savoir une réduction de 16 % du couvert forestier correspondant à 10,5G tonnes d’émissions CO2. Aux destructions de forêts s’ajoutent les feux de tourbières, fortement émetteurs de gaz à effet de serre et particules toxiques. En 2019 encore, de Kuala Lumpur à Kuching, la région a été aveuglée par ces fumées intenses.

Chaque fois, le scenario de 2015 est redouté. Plus de cent mille morts prématurées avaient alors été imputées à ces incendies dans la zone, selon une étude des universités américaines Harvard et Columbia.

Crédit : Earth Observatory NASA.gov

Des conséquences qui dépassent les frontières. Les feux de tourbières dégagent des gaz et particules en grandes quantités, dont du dioxide de carbone, du méthane et des particules fines.

Des populations fragilisées

Avec la déforestation, ce sont les multiples services rendus par la forêt aux populations les plus vulnérables qui disparaissent. Le changement d’affectation des terres entraine une perte essentielle de ressources et revenus pour les populations locales. La FAO le rappelle, 40 % des populations rurales en situation d’extrême pauvreté, soit 250 millions de personnes, vivent en environnement forestier ou de savane ; et les forêts constituent aujourd’hui environ 20 % des revenus des ménages ruraux dans les pays en développement.

Les conséquences sont multiples pour les populations locales : disparition de la faune, appauvrissement des sols, recrudescence des inondations… 

Autre sujet de préoccupation majeure, la diminution des réserves en eau potable. Les trois quarts de cette précieuse ressource proviennent de bassins versants boisés, or environ 40 % ont perdu plus de la moitié de leur couvert forestier. Les arbres , nous le savons, jouent un rôle clef dans le cycle de l’eau, permettant sa rétention, sa régulation par l’évapotranspiration mais aussi sa filtration. L’enjeu des forêts est donc aussi celui de l’accès à cette ressource essentielle qu’est l’eau potable.

Des forêts à feu mais aussi à sang

Parmi les populations locales, des voix s’élèvent contre cette exploitation massive, mais les exploitants illégaux et trafiquants de bois n’hésitent pas utiliser la manière forte pour y couper court. Le rapport de Human Rights Watch de septembre dernier dénonce ainsi l’existence au Brésil de véritables « mafias de la forêt tropicale ». Dans un contexte de politique laxiste vis-à-vis du déboisement, les réseaux criminels en recrudescence emploient «_la violence et l'intimidation contre ceux qui se mettent en travers de leur chemin ». D’après la Commission Pastorale de la Terre (CPT), le nombre de meurtres liés à l’utilisation de la terre et des ressources de la forêt tropicale dans le pays s’élève à plus de 300 personnes au cours des dix dernières années.

Ces sanctuaires inouïs de biodiversité

Selon le dernier rapport de l’IPBES publié en avril 2019, environ 1 million d'espèces animales et végétales sont aujourd'hui menacées d'extinction, un phénomène qualifié de  « sans précédent et en accélération ». Sans surprise,  la déforestation est pointée comme l’un des facteurs déterminants de ce processus car les forêts abritent 80 % de la biodiversité mondiale. Cette perte ou détérioration des habitats naturels est de plus en plus préoccupante, car elle signe l’extinction d’un ensemble d’écosystèmes essentiels au fonctionnement de nos sociétés. Le professeur Stéphane Mancuso, en rappelle les bénéfices dans son dernier ouvrage La révolution des plantes : « Plus de 31 000 espèces différentes répondent à un usage bien établi ; parmi elles, environ 18 000 sont exploitées à des fins médicales, 6 000 pour notre alimentation, 11 000 comme fibres textiles et matériaux de construction [...] Le compte est vite fait : un dixième d’entre elles fait l’objet d’une utilisation directe par l’humanité. »

Les regards se tournent tout particulièrement vers les forêts tropicales qui sont des réserves extrêmement riches en faune et flore. L’Amazonie en l'occurence, et ce n’est pas un hasard si elle est extrêmement médiatisée, est un trésor de biodiversité. Rhett A. Butler estime ainsi qu’elle recèle en elle environ 30 % des espèces mondiales ; il rappelle que l’on peut y trouver plus de 500 espèces d’arbres sur un seul hectare et qu’un simple buisson dans ce milieu tropical humide peut abriter plus d’espèces de fourmis que l’ensemble des îles britanniques.

Encore tout récemment, le bilan des incendies australiens a été extrêmement lourd pour la faune et la flore car, comme le relève le World Resources Institute, 40 % des territoires brûlés se trouvaient en zones protégées et les nombreuses espèces endémiques qu’ils abritaient ont été touchées. Les emblématiques koalas et kangourous fuyant les flammes sont encore dans les esprits. Avec eux, ce sont en réalité plus d’un milliard d’animaux qui auraient disparu.

Le saviez-vous ?

En moyenne, un arbre de 5m3 peut absorber l’équivalent de 5 tonnes de CO2, à savoir 5 allers-retours Paris-New York. 

(source : ONF)

Crédit : NASA, Septembre 2019

Les fumées toxiques émanant de feux de forêts et tourbières à Sumatra et Bornéo ont en 2019 plongé une vaste partie de l’Asie du Sud-Est dans le brouillard.

Un bien commun ?

Biodiversité, puits de carbone, réserves d’eau douce… les étendues boisées sont un trésor pour l’humanité. « Les forêts sont une source de nourriture, de remède et de combustible pour plus d’un milliard de personnes », rappelle ainsi la FAO. Leurs enjeux dépassent largement les frontières et clairement certains intérêts économiques privés particulièrement court-termistes, remettant en cause la notion même de propriété. Les conséquences de la déforestation certes sont planétaires, mais aussi les causalités et responsabilités. D’où la nécessité d’aborder le sujet dans sa globalité, à l’échelle supranationale.

Les attentes sont particulièrement élevées s’agissant de la COP 15 de la Convention sur la diversité biologique, qui se tiendra à Kunming en octobre prochain et verra l’adoption d’un nouveau cadre mondial pour la gouvernance de la biodiversité après 2020. Mais ce n’est qu’un des enjeux de taille qui animent la question des espaces forestiers et l’on déplore l’absence de traité international contraignant dédié.

Car l’idée de considérer les forêts comme des biens communs mondiaux fait désormais son chemin. Une approche qui requiert l’implication des différentes parties prenantes, de nouveaux espaces de dialogue et décisions. Ces biens entreraient dans le champ du patrimoine mondial et bénéficieraient donc d’un statut juridique spécifique et placés sous la protection de la communauté internationale, avec des modes de gouvernance et de contrôle neutres et a minima multilatéraux. Cependant, les discussions achoppent sur un point de blocage récurrent : nombre de pays qui « possèdent » ces surfaces boisées n’entendent pas renoncer à une part de leur souveraineté sur leurs territoires.

Pourtant c’est bien ce principe de gouvernance supranationale qui est désormais appliqué en Europe sur les sites dits « d’’intérêt communautaire ». L’Union se fait le garant de ce bien commun grâce un arsenal juridique adapté et  n’hésite pas à sanctionner si nécessaire. La directive de 1992 sur la conservation des habitats naturels en constitue la colonne vertébrale et permet de protéger plus de mille espèces d’animaux et de plantes ainsi que 200 types d’habitats à travers le réseau Natura 2000. Ainsi le 25 juillet dernier, la Commission a décidé de saisir la Cour de justice d'un recours contre la Grèce pour défaut de protection adéquate des habitats naturels et des espèces.

Ceci révèle une volonté des institutions de préserver le capital naturel de l’Union comme un bien commun. Cette préoccupation grandissante à l’agenda de l’Europe a encore été appuyée en juillet avec la définition d’un cadre pour restaurer et protéger les forêts au niveau mondial. Outre la coopération renforcée ou le développement de la finance responsable, l’Union évalue également de nouvelles mesures réglementaires possibles pour minimiser l'impact de la consommation des Européens sur la déforestation et la dégradation des forêts. Un dispositif à mettre en place de toute urgence…

Crédit : European Red List of Habitats - ec.europa.eu

Replanter, oui mais comment ?

Une étude de l’école polytechnique de Zurich conduite en février 2019 par le chercheur britannique Thomas Crowther, estime à 1 200 milliards le nombre d’arbres qui pourraient venir s’ajouter aux forêts existantes, et ceci permettrait selon lui d’absorber largement les émissions mondiales. Nous orientons-nous donc vers un jeu à somme nulle, voire à impact positif ?

Certains s’engagent en effet désormais dans cette voie, et l'objectif, affiché en janvier dernier, du World Economic Forum de planter 1 000 milliards d'arbres est absolument inédit. Pourtant, la comptabilité n'est pas si simple. Le « un arbre planté pour un arbre disparu » est une facilité d’esprit. Car toutes les espèces n’absorbent pas la même quantité de CO2. Car certains arbres assèchent les sols. Car un tout jeune plant n’équivaut pas à un grand sujet pour beaucoup des services qu’il rend. Car des rangs d’arbres en monoculture ne favorisent pas autant de biodiversité. Plus, les replantations aux géométries linéaires si caractéristiques représentent des risques, parce que, nous le savons, les forêts sont plus résilientes lorsqu’elles sont plurielles.

Au vu de l'ampleur de la disparition des couverts forestiers, la question n'est plus de savoir s'il faut ou non replanter, mais où et comment ? 

Les entreprises et marques qui souscrivent à un principe de compensation de leurs émissions par la plantation se doivent d’aborder le sujet avec précaution car replanter d’un côté ce que l’on a « consommé » de l’autre sans avoir mis en place une stratégie approfondie de réduction des émissions est une ineptie. La limitation des émissions à la source reste la première des priorités. Une politique de replantation doit venir s’inscrire dans un dispositif solide de développement durable de l’entreprise à tous les niveaux. 

Puis, pour conduire un tel programme de reboisement, il est important de s’entourer d’experts en lien avec la communauté locale afin de s’assurer également que les plantations soient adaptées et ne viennent pas amputer des terres agricoles. 

Une des démarches encouragées par le GIEC est notamment l’agroforesterie, où les arbres sont plantés en complément des cultures. Cette démarche se révèle profitable pour tous car les récoltes y sont bien plus fructueuses. Selon Tristan Lecomte, le fondateur de PUR Projet qui a déjà plus de 10 millions d’arbres plantés à son actif, les parcelles de cacao en agroforesterie produisent deux tonnes à l’hectare, soit en moyenne cinq fois plus que les fermes recourant aux engrais et pesticides chimiques. 

Bien sûr, replanter s’avère indispensable et même une haute urgence face à la magnitude de la déforestation ; mais ce ne peut être un tonneau des Danaïdes, une course sans fin où ce qui est planté d’un côté est détruit de l’autre. Ceci ne peut occulter la nécessité d'avant tout protéger les couverts boisés et de repenser de façon fondamentale nos modes de consommation qui induisent la déforestation actuelle. 

Comme le souligne la philosophe Joëlle Zask, auteure de Quand la forêt brûle : pensez la nouvelle catastrophe écologique, il importe désormais de revisiter notre rapport à la forêt en appréhendant la pluralité des représentations et usages anthropiques qu’il en ait fait. Ni de l’aborder dans une approche ultra-extractiviste dominatrice, ni de la mettre trop à distance dans une vision idéalisée. Il s’agit de lui donner notre attention et d’interagir de manière positive avec elle, lui prodiguer les soins nécessaires, afin qu’elle puisse continuer à nous livrer ses bienfaits. Bref une invitation à être « ni maître, ni spectateur ».

Le saviez-vous ?

La conscience progresse, les initiatives se multiplient

Pour des clics CO2 négatifs

ECOSIA, le moteur de recherche basé à Berlin, a déjà plus de 70 millions d’arbres plantés à son bilan. L’objectif affiché par son fondateur Christian Kroll ? Atteindre le milliard d’ici 2020.

Un article acheté = un arbre planté

C’est le principe de la marque de prêt-à-porter FAGUO. Et depuis sa création il y a 9 ans, 1,4 millions d’arbres ont ainsi vu le jour dans 200 forêts françaises.

La plus importante levée de fonds jamais organisée sur YouTube

Objectif atteint en 55 jours : 20 millions d’arbres vont pouvoir être replantés grâce à la campagne #Teamtrees du vidéaste Mr. Beast et son incroyable réseau. C’est l’ONG National Arbor Day Foundation qui devra s’assurer de respecter les principes de replantation durable.

LES FORÊTS EN CHIFFRES
27 %

Elles représentent 27 % des surfaces émergées

1,3 millions de km2

ont disparu entre 1990 et 2016, soit environ 800 terrains de football par heure

25 %

Elles contribuent aux moyens d'existence d'environ 25 % de la population mondiale

20 %

des revenus des ménages ruraux proviennent des forêts, dans les pays en développement

80 %

de la biodiversité se trouve dans les forêts

12 %

Les émissions de gaz à effet de serre liées à la déforestation constituent la 2ème cause de réchauffement climatique (après les énergies fossiles), représentant 12 % des émissions (plus que le secteur des transports)

(Sources : CE, FAO)

à lire et à voir
Richard Powers
L'arbre-monde (Ed. WW Norton & Co)
Peter Wohlleben
La vie secrète des arbres (Ed. Les Arènes)
Jean Giono
L’homme qui plantait des arbres (Ed. Folio)
Stephano Mancuso
La révolution des plantes (Ed. Albin Michel)
Il était une forêt