Credit: IMS Luxembourg

Santé, biodiversité, climat... les avancées de l'intelligence artificielle se multiplient pour faire face aux défis de notre temps. Cette technologie, lorsqu'elle est bien fléchée, montre tout son potentiel. Petite sélection d'innovations prometteuses.

Assurance climatique pilotée par IA

Plus de 62% des risques climatiques mondiaux ne sont pas couverts par une assurance. IBISA est une jeune société luxembourgeoise qui fournit des solutions innovantes dans ce domaine. La start-up se base sur des assurances dites « paramétriques » : un modèle qui repose sur des indicateurs climatiques prédéfinis en amont, et ne se basant pas sur une évaluation « post-sinistre ». IBISA utilise des données satellitaires couplées à l'intelligence artificielle pour analyser les événements climatiques sur les 30 dernières années. Et ce, dans des zones géographiques spécifiques, ce qui permet de concevoir des produits d’assurance adaptés notamment pour les agriculteurs et le secteur énergétique. Aujourd’hui, ce modèle innovant a déjà permis de protéger pas moins de 500 000 exploitations agricoles dans des régions à haut risque climatique.

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Des cartographies en temps réel pour décarboner les villes

Nexqt, plateforme de décarbonisation urbaine, entend répondre à l’urgence pour les villes, responsables de 70 % des émissions de CO2 dans le monde, d’adopter des solutions concrètes pour le climat. La start-up s’appuie sur une technologie analysant en temps réel les données relatives aux émissions citadines, comme celles des bâtiments ou des transports, permettant ainsi aux différents acteurs d’identifier les leviers d’action prioritaires. La plateforme n’est pas uniquement destinée aux grandes métropoles : chaque localité peut se saisir de l’outil. Certaines communes au Luxembourg n’ont d’ailleurs pas hésité longtemps avant de se lancer.

Credit: Nexqt

Alerte au feu de forêt !

Pyro-Station, produit de la collaboration de Pyronear et Data For Good, est un outil conçu pour détecter rapidement les départs de feux de forêt, lorsque ceux-ci ne sont encore que fumées. Équipée de caméras intelligentes installées sur des anciennes tours de guet de pompiers, la technologie surveille en continu les zones forestières et permet d’alerter directement les casernes, dès les premiers signes distinctifs de départ de feu. En intervenant très tôt, les équipes de secours augmentent leurs chances de contenir l’incendie de plus de 90 %, selon Théo Alves da Costa, co-président de Data for Good. Cette initiative, déployée en France et au Chili, est entièrement open source et vise à protéger nos forêts efficacement.

Credit: Pyronear

Le GPT de l’industrie Pharma et Biotech

Helical, fondée en 2023 au Luxembourg, a pour particularité de s’engager à démocratiser l’intelligence artificielle dans le domaine de la biologie, en développant des modèles sur l'ADN et l’ARN. Ces nouveaux outils permettent aux scientifiques de simuler des expériences, en faisant, par exemple, des essais sur une cellule virtuelle, afin de tester plus rapidement et précisément de nouveaux traitements. Cela permet, en outre, d’avoir moins recours à des essais sur animaux et êtres humains. Cette technologie pourrait transformer aussi les sciences agricoles, en permettant de produire des cultures plus résistantes aux différentes contraintes climatiques. La plateforme Helical est open source, afin de rendre ces avancées accessibles à tous les chercheurs.

Credit: Helical

Une IA au service des réfugiés

Le UNHCR (le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés), chargé de soutenir plus de 120 millions de personnes déplacées dans le monde, a lui aussi recours à l’intelligence artificielle de multiples façons pour améliorer les conditions humanitaires. L'IA est par exemple utilisée pour développer un système d’alerte précoce mondial, afin d’anticiper les déplacements forcés et mieux préparer les interventions humanitaires. Un autre projet, Hatefree, analyse une série de données liées à des discours haineux en ligne afin de contrer la xénophobie visant les réfugiés. Enfin, l’IA est aussi utilisée par l’UNHCR pour faciliter l’inclusion financière des réfugiés, en leur ouvrant l’accès aux systèmes bancaires. Comme le souligne Hovig Etyemezian, responsable de l’innovation, « Le but final est de résoudre les véritables problèmes auxquels les gens sont confrontés dans la vie réelle. »

Credit: UNHCR

Protéger la biodiversité

S'appuyer sur des images satellites et des technologies, comme le laser scanning, permettant de traiter des volumes massifs de données pour surveiller, modéliser et protéger les écosystèmes. Voilà comment Space4good tente de développer l’IA pour préserver la biodiversité. Concrètement, un projet amstellodamois a permis de classer les arbres par espèce et état de santé, tandis qu’en Indonésie, des forêts denses ont été cartographiées pour identifier des arbres précieux, même dans les zones inaccessibles pour l’être humain. L’IA, couplée à des capteurs acoustiques, permet aussi de détecter les espèces animales à partir des sons qu’ils émettent, contribuant ainsi à une gestion plus efficace et durable des écosystèmes.

Credit: Space4Good

Un robot humanoïde pour des besoins éducatifs spécifiques

Le robot, né des mains de LuxAI, intègre l’intelligence artificielle afin d’accompagner les enfants avec des besoins éducatifs spécifiques, en particulier ceux présentant le trouble du spectre de l'autisme. Le « QTrobot » vise à combler les longs délais d’accès aux soins grâce à une approche ludique et interactive, adaptée à chaque enfant. Il est également utilisé comme plateforme pour des recherches sur les interactions humain-robot, et peut bénéficier tout autant à d’autres populations, comme les personnes atteintes de démence ou celles souffrant de solitude.

Credit: IMS Luxembourg

Réduire les émissions industrielles

Le secteur industriel est responsable de 29 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Point noir, le traitement de l'air dans les industries pharmaceutiques représente jusqu'à 40 % de la consommation énergétique totale des installations. C'est une partie du problème que l'entreprise Pepite cherche à réduire grâce à l'intelligence artificielle. En utilisant des algorithmes basés sur le machine learning à consommation énergétique limitée la société belge optimise les unités de traitement de l'air. Résultat : une réduction de 27 % de la consommation énergétique de ces unités, permettant ainsi d'économiser des gigawattheures et de diminuer l'émission de milliers de tonnes de CO2 chaque année.

Credit: Pepite