Lorsque la Banque européenne d’investissement (BEI) nous ouvre ses portes, nous entrons dans un monde où règne une certaine sérénité dégagée par les hauts murs accueillant la lumière de part et d’autre du bâtiment. Mais plus qu’une belle réalisation architecturale, la BEI tire surtout son essence des personnes qu’on y rencontre. Car quand on travaille dans la plus grande banque aux investissements orientés vers la diminution de l’empreinte carbone planétaire, autant dire que l’on est passionné par le développement durable et la transition vers un avenir climatiquement neutre ! Le Sustainability MAG s’est invité dans les coulisses de la BEI avec l’idée d’aller à la rencontre des experts qui œuvrent jour après jour pour une Europe prospère.
Bruno Rossignol pour la BEI Institute |
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«Depuis 2012, l’Institut représente la partie philanthropique de la BEI. Nous sommes une équipe de 15 personnes s’articulant autour de 3 programmes ; art et culture (résidences de jeunes artistes européens, actions de sauvegarde du patrimoine), recherche et éducation (bourses de recherches, partenariat avec les universités dont celle du Luxembourg), action sociale (tournoi annuel de l’innovation sociale et solidaire).Tous les ans, nous organisons également avec l’Université les « October days for sustainable development ». Cette année, les débats porteront sur les ODD 11 (ndlr. villes et communautés durables) et 12 (ndlr. consommation et production responsables).
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«Lorsque vous vous intéressez à l’innovation, vous avez affaire à de nouvelles technologies et à de nouveaux modèles d’entreprises. Bien souvent, ils ne sont pas éprouvés et il est difficile de déterminer s’ils sont finançables ou non. C’est là qu’interviennent les services de conseil de la BEI. Leur rôle est d’étudier la situation générale en matière d’innovation et de se demander quelle sera la prochaine “grande trouvaille” et comment nous pouvons la soutenir. En 2014, nous nous sommes interrogés sur la manière de soutenir l’économie circulaire. En 2016, nous avons réalisé une étude sur la bioéconomie et l’économie bleue. Nos travaux de recherche ont débouché sur la mise en place de nouveaux mécanismes de soutien à l’appui de ces modèles. Actuellement, nous nous attachons à établir des liens entre développement durable, transformation numérique et sciences de l’espace. Le Luxembourg est le candidat parfait pour devenir “LE” prochain pays du numérique ! Il dispose d’équipements de calcul à haute performance, de jeunes pousses très dynamiques, d’une législation favorable et de dirigeants qui croient en la transformation numérique. Sur le plan pratique, nous collaborons chaque année avec une cinquantaine de sociétés privées et d’organismes publics. Nous ne savons jamais à l’avance si un projet réunira ou non les conditions pour bénéficier de prêts BEI. S’il n’est pas prêt pour notre audit préalable, nous l’aidons en lui apportant des services de conseil. Si le projet est prêt pour l’instruction en vue d’un financement, nous le préparons de sorte qu’elle se passe bien. Étant donné que nos conseils ne sont pas liés à la BEI, notre objectif est de faire en sorte qu’une entreprise obtienne un financement, peu importe qu’il provienne d’autres banques ou fonds. Globalement, environ 25 % de notre portefeuille se voit octroyer des prêts par la BEI et 50 % par d’autres investisseurs. Notre mission est de faire office de filtre et de facilitateur. » |
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«Ce qui est intéressant avec les initiatives d’économie circulaire, c’est notamment leurs impacts positifs sur le climat. Le modèle circulaire et les objectifs de la BEI sont très bien alignés. Nos actions pour la transition circulaire se diffusent via trois canaux stratégiques : le financement, la sensibilisation et l’offre de conseils pour de nouveaux produits, instruments et initiatives circulaires. Un aspect qui nous tient à cœur est le potentiel des centres urbains. Dans les villes, il y a beaucoup de personnes, d’entreprises, de courants résiduaires et donc d’opportunités pour développer des initiatives circulaires ! Les administrations ont un énorme potentiel de catalyseur et de facilitateur pour la construction de villes plus intelligentes. Nous travaillons, par exemple, avec les villes de Thessalonique, en Grèce, et de Kolding, au Danemark. L’économie circulaire s’installe partout et dans des villes très différentes. Par ailleurs, nous procédons aussi à des prêts directs pour des projets très innovants. Récemment, nous avons financé “Orbital”, une start-up suédoise qui a conçu une douche recyclant jusqu’à 90 % de l’eau consommée. Nous souhaitons qu’ils continuent à développer leur technologie afin de la rendre accessible aux pays en pénurie d’eau. Parfois, par contre, les projets de ce type sont trop petits pour s’adresser directement à nous. Dans ce sens, il y a peu, nous avons signé un partenariat de ligne de crédit de 250 millions d’euros avec Intesa Sanpaolo pour des investissements d’économie circulaire à petite échelle. L’une de nos prochaines ambitions, c’est de mettre en avant des solutions qui répondent à la surconsommation et à la pollution issue des matériaux plastiques qui impacte fortement nos océans. Le but étant que la BEI soutienne davantage de projets visant à remplacer les matériaux issus d’énergies fossiles par des produits issus de sources recyclées ou réutilisables. » |
Irene Sánchez Aizpurúa pour les Climate Action Bonds et la taxonomie européenne |
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«Afin de favoriser le développement durable, il faut acheminer des fonds vers les projets qui contribuent aux objectifs environnementaux et sociaux. La BEI se finance sur les marchés de capitaux, en partie au moyen d’obligations vertes et d’obligations pour le développement durable, pour lesquelles elle a émis des titres d'une valeur de près de 25 milliards d’euros depuis 2007. Les obligations vertes se concentrent sur le climat, tandis que les obligations pour le développement durable ciblent également des objectifs sociaux. Dans les deux cas, nous disposons d’un système robuste d’affectation, de mesure de l’impact et d’indicateurs. C’est important parce que les investisseurs sont de plus en plus exigeants en matière de transparence. Dès lors, pour être complètement transparents, nous faisons également appel à un auditeur externe. Les investisseurs obtiennent ainsi une assurance supplémentaire, qui confirme que nous faisons ce que nous annonçons. Néanmoins, aucun consensus n’existe à ce jour sur ce qu’est une activité “verte”. La Commission européenne consacre beaucoup d’énergie à cette tâche. Son groupe d’experts techniques, auquel nous avons participé, a récemment publié un rapport sur la taxinomie, qui contient une classification des activités dont on estime qu’elles contribuent à la lutte contre les changements climatiques. L’ampleur du travail était énorme, mais cette classification apportera la simplification et la transparence dont les marchés de capitaux ont besoin pour que les montants investis dans les obligations vertes changent d’échelle, que les milliards deviennent des milliers de milliards ! Ça va vraiment changer la donne pour les marchés de capitaux. » |
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Gurvand Gaucher pour l'EMAS Core Team |
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«Au niveau du fonctionnement interne de la BEI, nous avons souhaité conduire toutes nos démarches de la façon la plus durable possible. Ainsi, fin 2018, nous avons mis en place l’enregistrement EMAS, l’instrument de gestion environnementale de l’UE. Il s’agit de la certification la plus rigoureuse pour les normes de développement durable. Cet engagement motive nos partenaires à s’inscrire dans la même démarche. Il s’agit, en fait, d’inspirer le changement, de montrer que c’est possible ! L’une de nos grandes fiertés, c’est d’avoir signé le manifeste “Zero Single-Use Plastic” d’IMS. C’est un symbole de notre attachement à l’économie circulaire et d’une réflexion permanente sur la manière dont on procède. Il y a beaucoup de gens passionnés à la Banque et, étant certifiés EMAS, notre mission est d’inciter encore plus tout un chacun à réduire son impact environnemental. “Walk the talk”, c’est en fait l’idée qu’on se doit d’être exemplaire de la mobilité à la nutrition et jusqu’à nos produits de nettoyage ! Par conséquent, la BEI a déjà réduit son empreinte écologique de 51,8 % par employé depuis 2007 et on ne compte pas s’arrêter en si bon chemin_! » |
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