C’est l’histoire de MICKAËL GANDECKI, JOHAN NAZARELY ET MATTHIEU URBAN, trois digital natives qui ont monté leur start-up en 2015. L'idée ? Des serres connectées. Du balcon à la ferme urbaine, elles sont solaires, connectées, cultivent à la verticale, sans intrants chimiques...et sans efforts ! Depuis, Myfood est implanté dans 7 pays d'Europe dont le Luxembourg et semble inarrêtable dans ses projets d'expansion.
La start-up a fait mouche au salon 2018 de l’agriculture de Paris. Emmanuel Macron s’est même attardé sur son stand et a lancé l’idée d’une serre connectée à l’Elysée ! C’est que le spécialiste du « produce/ grow it yourself all year long» vient avec une ambition de taille : révolutionner l’alimentation grâce à des techniques de pointe en permettant aux particuliers de récolter dans leur jardin ou sur leur terrasse des fruits et légumes sans se soucier des saisons !
La solution ? Combiner le solaire, le digital et les techniques d’aquaponie et de permaculture sous un toit, à vrai dire, une serre. Ces dispositifs ne sont pas pour autant des jouets de geeks en mal du travail de la terre car le maître-mot est ici « le plaisir de la culture » qui vient de pair avec une facilité d’utilisation. Au final, une heure et demie d’investissement par semaine suffisent à nourrir 4 personnes, selon Mickaël Gandecki qui n’a pas hésité à quitter le monde luxembourgeois de la finance pour se lancer dans l’aventure. Et une appli vous facilite la vie, vous permettant de suivre la bonne poussée des plantes, la température et la qualité de l’eau. Vous serez même alerté en cas d’anomalie !
Cette solution éminemment digitale, fruit d’un partenariat gagnant avec Microsoft, nous fait entrer ici dans le royaume du « precision farming », une agriculture résolument « smart », soucieuse de préserver les ressources de notre planète. Pas étonnant donc que Mickaël Gandecki ait compté parmi les membres engagés du groupe de travail du pilier alimentaire de Troisième Révolution Industrielle au Luxembourg. Ses serres intelligentes cochent toutes les cases d’un nouveau modèle agricole pérenne : décentralisé et toujours plus proche de l’assiette, post-carbone, digital et même open-source donc collaboratif et transparent. Des projets ont déjà vu le jour au Grand-Duché, dont notamment une serre implantée chez Pall Center et qui produit des fruits et légumes de saison destinés aux entrées et plats des clients de l’Orangerie, la brasserie gastronomique du lieu. Cette serre attire aussi les curieux, les touristes et journalistes, puisqu’elle est la première brique matérialisant une ambition bien plus grande de Christiane Wickler : transformer son modèle économique pour le mettre en phase avec les objectifs de la Troisième Révolution Industrielle.
La philosophie de la jeune pousse réside dans ces mots « connecter pour re-connecter ». Au centre du projet en effet, l’ambition est de ramener la dimension humaine dans notre rapport à l’alimentation, de réinvestir le champ des cycles naturels, comprendre les impacts écologiques, se réadapter et relocaliser la production chez soi afin d’appréhender physiquement notre nourriture. On est ici dans l’expérientiel, loin d’un rapport distancié via une application. Cette dernière permet au contraire à la communauté des utilisateurs Myfood d’échanger et de contribuer à cette aventure avant tout humaine « La serre n’est pas un ordinateur à produire de la salade, martèle Mickaël Gandecki, c’est un espace de production et un lieu de vie ».
Le spécialiste de la serre intelligente est sur sa lancée. Avec un chiffre d’affaires annuel triplé depuis sa création, Myfood compte déjà 70 serres connectées et sa récente levée de fonds d’1,2 M € va permettre au concept de s’industrialiser avec une diminution des coûts d’installation en ligne de mire pour développer le « do it yourself » et davantage de modularité de l’offre. La solution promet de s’étendre à de nouvelles géographies. Au-delà de l’Europe avec de forts développements attendus outre- Rhin, la start-up ambitionne de pénétrer le marché Nord-Américain dès l’année prochaine.
-Article publié le 1er juin 2018-
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