Tribune de Bruno Renders
L’étude sur la Troisième Révolution Industrielle a permis de mettre en évidence de nouveaux gisements économiques relevant de la volonté affirmée d’une diversification de l’économie luxembourgeoise plus durable, plus smart et plus inclusive. Le secteur du bâtiment aura été très souvent identifié comme un secteur clef par la création de nouveaux maillages industriels, énergétiques et sociétaux.
Dans ce cadre innovant, le concept des fonctions nobles des bâtiments, que nous portons comme un élément de valorisation économique et sociétal du secteur de la construction, y prend une envergure nouvelle et nécessaire. Il s’agit précisément de repenser les fonctions classiques des bâtiments pour les transformer en de véritables plateformes technologiques capables de produire de l’énergie, de la stocker, la redistribuer ou encore dépolluer l’air ou l’eau.
Ils peuvent enfin se végétaliser en produisant des légumes, en se dotant de surfaces végétales à potentiel hygrométrique. Les serres urbaines, et plus spécifiquement celles installées sur les toits, peuvent combiner plusieurs de ces fonctions nobles. Elles permettent ainsi de produire des légumes de qualité tout en produisant de l’énergie pour prétendre à une forme d’autosuffisance en intégrant des panneaux solaires photovoltaïques nouvelle génération composés de cellules de Graetzel. Cette multifonctionalité des serres urbaines associe également une forme de dépollution de l’air extrait des bâtiments puisque le CO² extrait sera métabolisé par les végétaux pour ne rejeter que de l’oxygène et participer ainsi à une augmentation de la qualité de l’air. Dans cette perspective, nous portons le projet intersectoriel européen INTERREG NWE intitulé GROOF – Greenhouses to Reduce CO2 on RooFs qui vise à réduire les émissions de CO2 des secteurs de la construction et agricole en combinant partage de l’énergie et production locale d’aliments.
Faire revenir l’agriculture en ville, au plus près des lieux de distribution et surtout de consommation permet non seulement l’éclosion de nouveaux business model de l’agroalimentaire autant qu’il anticipe et accompagne de nouveaux comportements des « consom’acteurs ».
Dans ce domaine le Luxembourg a non seulement du potentiel mais surtout du rationnel à ambitionner. En effet si les chiffres divergent quelque peu, ils démontrent que la production maraîchère luxembourgeoise de légumes feuilles et légumes fruits couvre à peine 2% du total de notre consommation annuelle. Il est ainsi remarquable de constater que la thématique Urban farming a su s’inscrire dans le projet de Troisième Révolution Industrielle et que la volonté des autorités publiques s’est pleinement déployée. En effet, le Ministère du Développement durable et des Infrastructures nous a commandé une étude stratégique dédiée au potentiel Urban Farming du Luxembourg. Cette étude stratégique s’appuiera sur la construction de la serre de démonstration industrielle baptisée SOTA qui sera construite sur un des bâtiments de l’IFSB afin d’identifier tant le potentiel de production agricole mais également les évidentes connexions avec les bâtiments existants et en se dotant d’une serre laboratoire.
Grâce à une stratégie ambitieuse, le Luxembourg sera ainsi un pays à la pointe de la thématique de l’agriculture urbaine, valorisant ainsi l’évidence d’une production alimentaire noble recouvrée intégrant des fonctions nouvelles pour les bâtiments et impliquant par ailleurs des secteurs qui ne sauraient être absents de la Troisième Révolution Industrielle.
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